Les manifestants thaïlandais, qui réclament depuis des semaines le départ du gouvernement de Yingluck Shinawatra, sont entrés de force vendredi dans le quartier général de l'armée de terre à Bangkok.
Après de nombreux ministères, c’est le quartier général de l’armée thaïlandaise qui a été investi vendredi 29 novembre à Bangkok . Quelques centaines de manifestants, qui réclament depuis des semaines le départ du gouvernement thaïlandais, ont forcé le portail du QG de l'armée de terre et ont assiégé le siège du parti au pouvoir.
"Il n’y a pas de violence, pas d’hostilité’’, tempère néanmoins Cyril Payen, correspondant de FRANCE 24 à Bangkok. Les militaires ont serré la main des manifestants et les ont laissés entrer."
La mobilisation des "chemises jaunes" dure depuis un mois contre la chef du gouvernement Yingluck Shinawatra et son frère Thaksin, ancien Premier ministre renversé par un coup d'État en 2006, mais qui, malgré son exil , reste au cœur de la politique du royaume.
Les manifestations prennent de l’ampleur
La tension est montée d’un cran cette semaine, avec l'occupation de plusieurs bâtiments officiels, dont le ministère des Finances. Les manifestants ont aussi assiégé par milliers plusieurs administrations, dont le quartier général de la police nationale, où l'électricité a été coupée jeudi.
"Un long cortège de milliers de chemises jaunes, mené par des caciques du parti démocrate – le parti d’opposition qui représente les classes moyennes urbaines – est en train de converger vers l’ambassade des États-Unis", prévient Cyril Payen. "Peut-être pour protester contre le fait que l’Amérique a demandé un peu de retenue aux manifestants il y a quelques jours", ajoute-t-il.
Des milliers d'autres manifestants, accompagnés de sifflets, qui sont devenus leur signe distinctif, ont marché vers le siège du parti Puea Thai au pouvoir, qui avait largement remporté les dernières élections de 2011, comme tous les autres partis pro-Thaksin avant lui depuis plus de dix ans.
Le système Thaksin mis en cause
La colère des manifestants a été provoquée par un projet de loi d'amnistietaillé sur mesure , selon eux, pour permettre le retour de Thaksin, actuellement en exil pour échapper à une condamnation à deux ans de prison pour malversations financières. Si Yingluck Shinawatra a surmonté jeudi une motion de censure au parlement, elle n’a toutefois pas réussi à apaiser les manifestants, qui l’accusent d’être une marionnette au service de son frère.
Le chef des contestataires, Suthep Thaugsuban, qui était vice-Premier ministre dans le précédent gouvernement, a rejeté l’appel au dialogue lancé à la télévision par Yingluck Shinawatra, laquelle exclut de démissionner, comme de dissoudre le parlement.
Dans une capitale habituée aux violences politiques, ce mouvement, le plus important depuis la crise de 2010 qui avait fait 90 morts, fait craindre des débordements, notamment à l'approche du week-end qui devrait voir une nouvelle augmentation du nombre de manifestants après un pic à quelque 150 000 dimanche dernier.
Avec dépêches (AFP et Reuters)