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Législatives au Mali : un vote dans le calme mais sans ferveur

Hormis des incidents provoqués par des indépendantistes Touareg dans le Nord-Mali, les élections législatives se sont déroulées dans le calme dimanche, sans toutefois susciter la même ferveur que lors de la présidentielle de l'été dernier.

Les observateurs nationaux et internationaux craignaient des attentats djihadistes, dimanche 24 novembre, lors des élections législatives au Mali. Il n'en a rien été. Le scrutin s'est relativement bien déroulé hormis l'intervention d'indépendantistes Touareg qui ont provoqué quelques frayeurs dans le nord du Mali. 

Plusieurs manifestants se sont en effet opposés au déroulement du scrutin dans la ville de Talataye. "Pas de vote, nous voulons l’indépendance" du Nord-Mali, ont-ils scandé avant de détruire des urnes, selon des sources militaires maliennes. "Ici, où 10 000 électeurs sont inscrits, il n’y a pas eu de vote, car la population a manifesté pour empêcher son bon déroulement et saisir le matériel électoral", a précisé de son côté, le maire de la ville, Mohamed Assaley, lui-même indépendantiste, et ancien membre de la rébellion Touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).

Les observateurs appréhendaient la réaction des Touareg face à ce scrutin. Le MNLA se bat pour que le territoire de l’Azawad, région au nord du Mali, soit indépendant. Dans la ville de Kidal, berceau des Touareg et du MNLA, des incidents ont également été provoqués par des indépendantistes Touareg : des vitres de voitures ont été brisées, et les éclats ont blessé une femme, selon une source militaire ouest-africaine.

Campagne terne

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" Mon seul but : la paix au Mali" (IBK)

Après la ferveur provoquée par la présidentielle remportée le 11 août par Ibrahim Boubacar Keïta (dit IBK), les 6,5 millions de Maliens appelés aux urnes dimanche ont voté sans grand enthousiasme. De manière générale, la campagne électorale a été terne, elle a peu mobilisé.

"Aujourd'hui, à Bamako, on pouvait compter sur les doigts d'une main les votants qui passaient par heure, cinq, six, maximum", relate Julien Sauvaget, l'envoyé spécial de FRANCE 24 au Mali. "On est loin du taux de participation de la présidentielle de cet été", ajoute-t-il. Les premiers résultats devraient être connus lundi.

La faible affluence des électeurs maliens peut s'expliquer par la crainte de la population de s'exposer à des attaques terroristes. Il faut dire que malgré l’intervention militaire française entamée il y a près d’un an, les éléments djihadistes sont toujours actifs au Mali : depuis fin septembre, ces groupes ont tué une dizaine de soldats maliens, tchadiens et des civils.

Les élections législatives au Mali en chiffres

- Environ 6,5 millions d'électeurs
- 1 141 candidats dont 156 femmes
- 147 sièges à l'Assemblée
- 410 listes, pour un suffrage direct à un tour majoritaire (51 %) par liste
- 20 268 bureaux de vote, ouverts de 8h à 18h
- 3 700 observateurs internationaux
 

Vendredi 22 novembre à Bamako, un gendarme français a été légèrement blessé par un tireur embusqué dont les motivations sont encore floues. C'est la première attaque de ce type dans la capitale malienne depuis le début de l'intervention française. La veille, des roquettes, sans doute tirées par des islamistes, ont touché la périphérie de Gao, la plus grande ville du Nord, sans toutefois faire de victimes.

IBK cherche une majorité confortable

L'objectif du parti présidentiel, le Rassemblement pour le Mali (RPM), est de donner au chef de l'État une majorité confortable à l'Assemblée nationale de 147 députés pour lui permettre de mener à bien sa difficile mission de redressement du pays. Mais selon les observateurs, il sera difficile à un seul parti d'obtenir la majorité et le RPM pourrait être obligé de devoir s'allier aux autres, en particulier à l'Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma).

Ce parti, l'un des plus anciens et des mieux implantés, s'était déchiré au moment de la présidentielle : une partie de ses dirigeants ayant choisi de soutenir IBK, une autre Soumaïla Cissé. Ce dernier, originaire de la région de Tombouctou (nord-ouest), où il est le candidat de son parti, l'Union pour la République et la démocratie (URD), ambitionne de devenir le chef de l'opposition parlementaire.

Il avait été l'un des plus farouches opposants au coup d'État du 22 mars 2012 mené par un obscur capitaine, Amadou Haya Sanogo, que la justice malienne a convoqué fin octobre pour répondre des nombreuses exactions, dont ont été accusés ses hommes après le putsch. Sanogo, propulsé général en août par le régime de transition alors en place, n'a toujours pas répondu à cette convocation, ce dont s'est indignée une coalition de partis, dont celui de Soumaïla Cissé.

Avec dépêches AFP