logo

Début du procès en appel des fondateurs de l'Arche de Zoé

Le procès en appel des deux fondateurs de l’Arche de Zoé, Émilie Lelouch et Éric Breteau, s’ouvre mercredi à la cour d’appel de Paris. En 2007, ils avaient tenté d’emmener en France des enfants tchadiens présentés comme des orphelins du Darfour.

En février dernier, ils s’étaient montrés déterminés à prouver leur "innocence". Éric Breteau, 43 ans, et Émilie Lelouch, 37 ans, les fondateurs de l’association humanitaire L’Arche de Zoé, sont à nouveau appelés à comparaître mercredi 20 novembre devant la justice française. En première instance, ils avaient été reconnus coupables d’escroquerie, d’exercice illégal de l’activité d’intermédiaire à l’adoption et de tentative d’aide à l’entrée ou au séjour de mineurs en situation irrégulière. Ils avaient été condamnés à deux ans de prison ferme et 50 000 euros d’amende, et avaient fait appel.

L’affaire de l’Arche de Zoé a défrayé la chronique à l’automne 2007. Le 25 octobre de cette année-là, l’association part au Tchad, officiellement pour sauver des orphelins du Darfour, une province soudanaise en proie à une guerre civile. Leur objectif : faire embarquer 103 enfants dans un avion spécialement affrété pour les amener en France, où ils sont attendus pour être soignés et accueillis par des familles. Le scénario ne se déroule pas comme prévu. Au moment de faire monter les enfants dans l’avion, les autorités tchadiennes interpellent les membres de l’organisation, soupçonnés d’enlèvement. En réalité, la plupart des enfants ne sont pas des orphelins originaires du Darfour mais viennent du Tchad, et ont encore au moins l’un de leurs parents. Les mineurs, avant leur montée dans l’avion, avaient été affublés de faux pansements.

Absents tout au long du premier procès

Les six membres de l’Arche de Zoé arrêtés en octobre 2007 ont d’abord été condamnés à huit ans de travaux forcés au Tchad, puis rapatriés en France en décembre 2007 pour qu’ils y purgent leur peine (commuée en peine de prison). Ils sont finalement graciés par le président tchadien et libérés. Émilie Lelouch et Éric Breteau partent en Afrique du Sud, alors qu’en France, une procédure est lancée contre eux ainsi que contre quatre membres de l’association. Tous sont renvoyés en correctionnelle. Leur procès débute début décembre 2012.

Émilie Lelouch et Éric Breteau qui disaient craindre de ne pas être écoutés par la justice, ont brillé par leur absence tout au long de leur premier procès, ne se présentant devant le tribunal qu’au moment des délibérations. Contre eux, les critiques ont été vives : à l’ouverture du procès, le 3 décembre 2012, la présidente du tribunal correctionnel a dénoncé la "grande lâcheté" des deux prévenus, soulignant le fait que les autres membres de cette "Arche transformée en galère", s’étaient, eux, déplacés. Les quatre autres membres de l’association jugés en même temps qu’eux n’avaient pas été beaucoup plus tendres à l’égard des absents.

Éric Breteau, Émilie Lelouch et l'Arche de Zoé "ne pouvaient ignorer l'illégalité de leur projet", avait estimé la justice, en première instance. "Ils ont menti sciemment aux familles", surfant sur le "désir d’enfants" des couples et en leur faisant miroiter une promesse d’adoption.

"Pas l’intention de faire du mal"

Au moment du premier procès, les deux fondateurs de l’association vivaient en Afrique du Sud, où, après avoir tenu des chambres d’hôtes, Éric Breteau s’occupait de convoyer des touristes. Émilie Lelouch, elle, avait fondé une école de cirque. Tous deux ne sont revenus dans l’Hexagone que pour l’annonce des jugements de première instance, le 12 février 2012. Ils sont arrêtés dans la foulée, puis écroués. Ils ont été libérés deux mois plus tard, le 18 avril, pour pouvoir préparer leur défense en vue du procès en appel.

Mercredi, le couple semble cette fois avoir l’intention de s’expliquer, à en croire leur avocate, maître Céline Lorenzon. "Ils n’ont pas eu l’intention de faire de mal à qui que ce soit, les familles d’accueil, les bénévoles, et encore moins les enfants", a-t-elle déclaré à la veille du procès en appel. Le couple comparaîtra avec le logisticien Alain Péligat, 62 ans, condamné à six mois de prison avec sursis en première instance.