
C’est dans un contexte favorable que le président français se rend ce dimanche en Israël. Le récent rôle de Paris dans les pourparlers sur le programme nucléaire iranien a été perçu d'un très bon œil par l'État hébreu.
"Les États-Unis demeurent pour nous un allié important, et même le plus important. Mais notre relation avec la France est également très spéciale", a déclaré au "Figaro" le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à la veille de la visite, du dimanche 17 au mardi 19 novembre, en Israël du président François Hollande.
Alors que les relations israélo-américaines traversent une zone de turbulences à propos du nucléaire iranien, le chef du gouvernement israélien entend réserver un accueil chaleureux au dirigeant français, dont le pays s'est opposé, le week-end dernier à Genève, à l’adoption d’un accord ne réunissant pas toutes les conditions censées "garantir l'arrêt du programme nucléaire iranien".
Une fermeté vis-à-vis de la République islamique que Tel Aviv souhaite durable. "Nous espérons que la France ne fléchira pas, a déclaré Benjamin Netanyahou, toujours au "Figaro". Sur le dossier iranien, nos deux pays défendent des positions communes depuis de nombreuses années, quelle que soit la majorité au pouvoir, et nous poursuivons ce partenariat essentiel avec le président Hollande."
En Israël, le séjour du président français revêt d’autant plus d’importance qu’il sera suivi par la reprise, le 20 novembre, des négociations entre l’Iran et le groupe des "5+1", composé des cinq membres permanents de Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne. L’État hébreu, qui pousse en faveur du démantèlement complet des installations iraniennes d'enrichissement de l'uranium, voit ainsi en la France un allié de poids à l’heure où les États-Unis semblent pencher pour un allègement prématuré des sanctions économiques à l'encontre de Téhéran.
Un programme millimétré pour éviter tout impair
"Avec l’alignement de Paris sur les positions de Benjamin Netanyahou, le chemin est pavé pour permettre aux Israéliens de dérouler le tapis rouge au président François Hollande, affirme Gallagher Fenwick, correspondant de FRANCE 24 à Jérusalem.
Reste que pour un dirigeant d’un pays qui, comme la France, s’emploie à entretenir de bonnes relations avec Israël ainsi qu’avec l’Autorité palestinienne, un déplacement au Proche-Orient peut s’avérer périlleux. En 1996, Jacques Chirac, alors en visite présidentielle dans la Vieille Ville de Jérusalem, s’était publiquement indigné de l’agressivité des services de sécurité israéliens à l’égard des Palestiniens tentant de l’approcher. Quelques années plus tard, Lionel Jospin, alors Premier ministre, se faisait quant à lui violemment prendre à partie par des étudiants palestiniens de l'université de Bir Zeit pour avoir condamné les "attaques terroristes du Hezbollah".
Pour éviter tout incident, l’Élysée a élaboré un programme de visites extrêmement millimétré. Grande première pour un chef de l’État français, François Hollande se recueillera ainsi au mémorial dédié à l'ancien président palestinien Yasser Arafat, mort en 2004, mais aussi sur la tombe du Premier ministre israélien assassiné en 1995, Itzhak Rabin.
Washington garde la main sur le processus de paix
Après s’être entretenu avec les président et Premier ministre israéliens, Shimon Pérès et Benjamin Netanyahou, François rencontrera, pour la quatrième fois depuis son arrivée au pouvoir, le président Mahmoud Abbas à Ramallah, en Cisjordanie. L’occasion pour la France, qui a soutenu l'idée d'accorder à l'Autorité palestinienne le statut d'observateur aux Nations unies obtenu l'an dernier, de confirmer son aide à des territoires qui bénéficient chaque année de 300 millions d'euros de l'Union européenne (UE).
Devant la Knesset, lundi, François Hollande, devrait apporter son soutien à la relance du processus de paix que la récente démission de la délégation palestinienne aux négociations a quelque peu fragilisée. "Mais, contrairement au nucléaire iranien, le processus de paix n’est pas le dossier sur lequel Paris pèse de tout son poids, rappelle Gallagher Fenwick. Sur ce point, la voix de la France est mineure. Ce sont les États-Unis qui donnent le la."
Aussi François Hollande se contentera-t-il, sur ce dossier, de relayer la position de l’UE, dont celle s'opposant à la colonisation israélienne en Cisjordanie. Le président français souhaite "encourager les parties israélienne et palestinienne au compromis, à faire l'effort, à avoir le courage nécessaire pour avancer et mettre sur pied une solution acceptable pour tout le monde", indiquait à Reuters un conseiller de l’Élysée.
Outre le nucléaire iranien et la relance du processus de paix, l'aspect économique devrait également figuer en bonne place du séjour présidentiel. Pas moins d'une quarantaine de dirigeants d'entreprise et six ministres, dont celui de l'Économie, Pierre Moscovici, accompagneront François Hollande durant ces 48 heures de visite.
Bien que l'UE soit le premier partenaire commercial d'Israël, Paris considère que les 2,4 milliards d'euros annuels d'échanges commerciaux entre les deux pays sont insuffisants. Onzième fournisseur d'Israël, la France entend développer ses rélations économiques avec l'État hébreu notamment dans les domaines de l'énergie, des transports, de l'innovation et des hautes technologies.
Avec dépêches