La Commission européenne a lancé, mecredi, une procédure officielle, afin d'enquêter sur l'excédent commercial allemand. Ce fondement du modèle économique germanique est de plus en plus critiqué par les partenaires commerciaux de Berlin.
"L'Allemagne a affiché un excédent commercial important qui justifie d'enquêter". C'est par ces mots que José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, a expliqué la procédure qui a été ouverte, mercredi 13 novembre, à l'encontre de Berlin.
L'excédent commercial allemand s'est établi à un niveau record en septembre, à 18,8 milliards d'euros, avec une hausse de 1,7 % des exportations, et un recul de 1,9 % des importations. Par conséquent, son excédent commercial est supérieur à 6 % du PIB, ce qui équivaut, d'après les critères retenus par Bruxelles, à un déséquillibre macroéconomique.
C'est la première fois que Berlin, souvent montrée en exemple pour sa bonne forme économique, est ainsi visée par une enquête européenne sur d'éventuels déséquilibres. Outre l'Allemagne, 16 autres pays européens [dont la France] seront l'objet une enquête européenne pour analyser leurs déséquilibres.
Dans le cas germanique, c'est le modèle économique, basé quasi-exclusivement sur les exportations, qui pose problème. Bruxelles cherche à savoir, si la première économie européenne ne pourrait pas "faire plus pour aider à rééquilibrer l'économie européenne. C'est pour cela que nous lui avons demandé de soutenir sa demande intérieure", a expliqué José Manuel Barroso.
Critiques des États-Unis
Histoire de ne pas froisser le "moteur de la croissance européenne", Olli Rehn, le commissaire européen aux Affaires économiques, a assuré que Bruxelles "ne critiquait pas" la politique économique allemande.
Reste que la procédure européenne intervient à un moment, où le modèle allemand est de plus en plus critiqué. Le Trésor américain s'en est pris, la semaine dernière, au roi des exportations européennes qui, par sa politique, créerait des "déséquilibres" au niveau mondial. Une analyse reprise également par le Fonds monétaire international (FMI).
Ces nouveaux détracteurs du succès économique à l'allemande reprennent des arguments, qui ont cours depuis plus d'un an. "La croissance allemande par les exportations s’est faite au détriment des autres pays européens", expliquait, en janvier 2012 à FRANCE 24, Till van Treeck, économiste à l’IMK, un institut de recherche allemand en macro-économie.
Avec des salaires qui n’ont quasiment pas augmenté depuis le début des années 2000, la consommation intérieure allemande ressemble à une morne plaine, qui prive les exportateurs des autres pays européens d’un débouché vital.
Un rapport de l'Organisation internationale du travail (OIT) de janvier 2012 allait même jusqu'à affirmer, que le modèle de croissance allemand est l’une des principales causes à la crise actuelle de la zone euro.