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L'Iranienne que Téhéran veut échanger contre des Français doit être jugée en janvier à Paris
L'audience de Mahdieh Esfandiari, une Iranienne détenue en France pour des soupçons d'apologie du terrorisme commis en ligne, aura lieu mi-janvier. Les autorités iraniennes proposent depuis septembre un échange entre Mahdieh Esfandiari, arrêtée le 28 février à Villeurbanne, près de Lyon, et Cécile Kohler, 41 ans, et Jacques Paris, 72 ans, détenus en Iran depuis mai 2022 et dont la santé se dégrade. 
Les portraits des ressortissants français Cécile Kohler et Jacques Paris, emprisonnés depuis plus de trois ans en Iran, affichés devant l'Assemblée nationale, le 3 juillet 2025. © Aurelien Morissard, AP

Possible monnaie d'échange avec Cécile Kohler et Jacques Paris, deux Français emprisonnés en Iran. Mahdieh Esfandiari, Iranienne détenue en France, doit être jugée en janvier à Paris pour avoir fait l'apologie du terrorisme sur les réseaux sociaux.

Le 11 septembre, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a annoncé à la surprise générale qu'un "accord" visant à échanger des "prisonniers" français en Iran contre une femme iranienne détenue en France approchait de sa "phase finale".

Téhéran propose un échange entre Mahdieh Esfandiari, arrêtée le 28 février à Villeurbanne, près de Lyon, et Cécile Kohler, 41 ans, et Jacques Paris, 72 ans, détenus en Iran depuis mai 2022 et accusés d'espionnage pour le compte d'Israël. Leurs familles ont décrit leur situation comme de plus en plus désespérée.

Téhéran estime que Mahdieh Esfandiari est injustement détenue, tandis que Paris considère que Cécile Kohler et Jacques Paris sont "retenus comme otages d'État" en Iran.

Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a répété lundi qu'il existait "des perspectives solides de pouvoir les faire rentrer dans les prochaines semaines".

Jugée pour apologie d'un acte de terrorisme commis en ligne

Un juge d'instruction parisien a renvoyé Mahdieh Esfandiari devant le tribunal correctionnel de Paris par une ordonnance datée de mercredi 10 octobre, a indiqué le parquet de Paris, confirmant une information du journal Le Monde. Hasard du calendrier ? C'est également mercredi que le Quai d'Orsay a annoncé la libération de Lennart Monterlos, un Franco-Allemand de 19 ans arrêté le 16 juin en Iran pendant un périple à vélo.

Mahdieh Esfandiari, 39 ans, sera jugée pour apologie d'un acte de terrorisme commis en ligne (délit faisant encourir sept ans d'emprisonnement et 100 000 euros d'amende), provocation directe en ligne à un acte de terrorisme (délit faisant encourir sept ans d'emprisonnement et 100 000 euros d'amende), injure publique en ligne en raison de l'origine, ethnie, nation, race ou religion et association de malfaiteurs, selon le parquet de Paris.

Deux autres personnes, dont Maurizio B. qui s'est présenté comme son compagnon selon Le Monde, sont poursuivies pour les mêmes chefs.

De son côté, l'essayiste d'extrême droite Alain Soral doit être jugé pour apologie du terrorisme en ligne et association de malfaiteurs, et une autre personne pour association de malfaiteurs. Résident en Suisse, il est visé par un mandat d'amener, faute d'avoir répondu à sa convocation devant le juge d'instruction.

L'audience sur le fond doit avoir lieu les 13, 14, 15 et 16 janvier. Les faits reprochés à Mme Esfandiari ont été commis à Paris et à Lyon de courant 2023 jusqu'au 3 décembre 2024, notamment sur les plateformes Telegram et X (anciennement Twitter), Twitch et YouTube et le site Égalité et réconciliation.

Le 30 octobre 2023, le parquet de Paris avait reçu un signalement du ministre de l'Intérieur relatif aux publications d'un compte Telegram @Axe_de_la_Résistance, faisant l'apologie de l'attaque sanglante menée par le mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, incitant à des actes de terrorisme et injuriant la communauté juive.

Apologie des massacres perpétués le 7-Octobre

Après plusieurs mois d'enquête, des juges d'instruction avaient été saisis en novembre 2024. L'exploitation des échanges a révélé que Mahdieh Esfandiari avait alimenté Maurizio B., le créateur d'un compte X mis, comme elle, en examen et placé en détention provisoire, "en contenu à diffuser, et en conseils de prudence sur l'anonymat et les transferts d'argent en cryptomonnaies", a expliqué le parquet.

Lors d'une perquisition au domicile de Mahdieh Esfandiari ont été retrouvés des livres sur le régime iranien et plus de 2 000 euros en liquide.

Née en Iran, elle est arrivée en France après ses 20 ans. Après avoir effectué des gardes d'enfants et créé une entreprise de traduction, interprétariat et enseignement, elle semblait envisager de retourner dans son pays natal.

Parmi les nombreux propos qui lui sont reprochés : le fait d'avoir publié la phrase "Une attaque qui fait le bonheur de milliards de gens dans le monde..." en référence aux massacres perpétués le 7 octobre 2023 par le Hamas ; d'avoir remercié "ceux qui ont soutenu la Résistance (...) Et à leur tête la République islamique d'#Iran" ou un an plus tard d'avoir célébré notamment avec des émoticônes l'anniversaire de l'attaque.

Avec AFP