Cinq jours après le passage du typhon Haiyan, qui aurait fait au moins 10 000 morts, les survivants attendaient mardi l'aide internationale. Mais les secours peinent à s’organiser et surtout à atteindre les zones touchées par les vagues.
Les Nations unies craignaient plus 10 000 morts dans le pays après le passage du typhon Haiyan et prévenu qu’il fallait "s’attendre au pire". C’est désormais le cas. Selon les autorités philippines, le chiffre avancé de 10 000 serait en réalité le nombre de tués pour la seule ville de Tacloban, dans le centre du pays. Le bilan des victimes sur l’ensemble du territoire devrait être donc bien plus lourd.
Face à l’étendue des dégâts, les secours peinent à s’organiser, et surtout à atteindre les zones touchées par les vagues. Dans certaines régions, la communication est totalement rompue. "Ce qui nous inquiète le plus est le nombre de zones dont nous sommes sans nouvelles. C’est le silence total", a déclaré Joseph Curry, membre de l’ONG américaine Catholic Relief Services.
Sur le plan de l’aide internationale, es États-Unis, notamment, ont annoncé l’envoi de plusieurs navires américains pour venir en aide aux rescapés. Le Pentagone a également ordonné au porte-avion George-Washington, qui se trouve à Hong Kong, de faire route vers les Philippines. Il devrait arriver "d’ici à 48 heures" dans les zones sinistrées. La première aide américaine est arrivée lundi sur l’île de Leyte, avec quelque 90 "Marines" et deux avions C-130 remplis de vivres et de matériel. Une quinzaine d’appareils américains devraient être acheminés à terme. Le Canada a annoncé l’envoi d’une équipe de 30 à 50 sauveteurs militaires.
it"La population est très clairement sous le choc"
Cyril Payen, l’envoyé spécial de FRANCE 24 dans l'archipel, est arrivé à Cebu, une île au centre du pays, lundi 11 novembre. Il constate lui aussi que la communication avec les régions côtières n’est toujours pas rétablie. "Je me trouve à moins de trente minutes d’avion de cette zone côtière, et des avions, il n’y en a pas encore assez pour effectuer des rotations afin d'acheminer de l’aide alimentaire, mais aussi évacuer les nombreuses personnes voulant quitter cette zone, notamment les blessés", témoigne-t-il sur notre antenne.
Cyril Payen fait aussi état de "scènes chaotiques" dans le petit aéroport de Cebu, où "des centaines de familles anxieuses cherchent à avoir des nouvelles", et tentent par eux-mêmes "de se rendre sur place, munis de vivres, d’eau et de médicaments". "On est encore sans nouvelles de dizaines de milliers de foyers", conclut-il.
L'état de catastrophe nationale décrété
Face à l'urgence, l’état de catastrophe nationale a été déclaré lundi par le président Benigno Aquino III, ce qui permet d’imposer un contrôle des prix, et d’accélérer le déblocage de fonds.
Dans la ville de Tacloban, capitale de Leyte, tout a été rasé et l’odeur des corps en décomposition flotte dans l’air. Les secours tentent d’y acheminer tentes, vivres et matériel médical. Mais leur travail est rendu difficile par les pillages : des magasins d’alimentation et un convoi de la Croix-Rouge ont par exemple été attaqués. "Nous voulons une équipe organisée pour ramasser les cadavres, apporter à manger, et mettre fin aux pillages", a réclamé à l'AFP Joan Lumbre-Wilson, 54 ans, l'un des nombreux rescapés.
"Nous sommes émotionnellement et physiquement épuisés. De nombreux bébés et enfants ont besoin d'aide", a-t-il ajouté. Et les épreuves ne sont peut-être pas encore terminées pour les Philippins : une dépression tropicale est attendue au sud de l’archipel mardi, avant de se diriger vers le centre. Elle pourrait provoquer de nouvelles inondations.
Avec dépêches