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Taxe à 75 % : exempté d'impôts, Monaco est dans le viseur des autres clubs

Comme l'ensemble des clubs français, Monaco participera à la grève le 30 novembre, pour protester contre le projet de taxe à 75 %. Non soumis au droit fiscal français, l'ASM est pourtant exonéré, ce qui provoque la colère de ses adversaires.

Les clubs de Ligue 1 et Ligue 2 ont décidé jeudi 24 octobre, à l'unanimité, de se mettre en grève le week-end du 30 novembre, afin de protester contre le projet de taxe à 75 %. Comme ses adversaires, l’AS Monaco participera à ce mouvement, alors que le club du rocher n’est même pas concerné par cette taxation. En effet, l’ASM n’est pas soumis au droit fiscal français, car son siège social n’est pas situé dans l’hexagone.

Hollande répond aux clubs de Ligue 1

François Hollande a répété, vendredi, qu'il estimait que la taxe à 75 % sur les très hauts revenus devait s'appliquer à tout le monde. "La règle est la même pour tous" même si "cela n'exclut pas un dialogue sur un certain nombre de difficultés que peuvent rencontrer des clubs professionnels", a expliqué le chef de l'État, qui a accepté de rencontrer des dirigeants du football français la semaine prochaine.

Alors que les clubs les plus modestes s’inquiètent pour leur avenir financier, ce statut particulier accordé à la deuxième puissance financière du championnat est considéré par beaucoup comme "aberrant". En plein débat sur la taxe à 75 %, les "petits poucets" de L1 n’hésitent plus à s’en prendre à Monaco, propriété du milliardaire russe Dmitry Rybolovlev.

"Il faut savoir que, globalement, tous les clubs de L1, à l’exception du PSG et de Monaco sont déficitaires. [...] Les clubs français sont donc condamnés à vendre leurs meilleurs joueurs pour être à l’équilibre. C’est une spirale vicieuse… d’autant, et c’est quand même fort de café, que Monaco sera exonéré de cette taxe !", s’est ainsi emporté Frédéric de Saint-Sernin, le président du Stade ennais auprès du journal "Ouest-France".

Son homologue de Lille, Michel Seydoux s’inquiète également de l’écart qui se creuse avec les deux superpuissances de la L1, Monaco, totalement exempté, et le PSG, qui ne devrait débourser que 19,5 millions d’euros si la taxe est mise en place, en raison du plafonnement à 5 % du chiffre d’affaires." Cette taxe à 75 % était censée frapper les clubs les plus riches. Au final, le gouvernement n'a pas tenu ses promesses puisqu'elle touche également la 'classe moyenne' du football. Quand celle-ci est frappée, le pays va mal. […] Au lieu d'être à deux vitesses, ce championnat sera à quatre vitesses", a-t-il ainsi réagi avec pessimisme auprès du "Figaro".

70 millions d’euros d’avantages fiscaux

Comme l’a résumé Régis Juanico, le rapporteur spécial du budget des sports à l'Assemblée nationale [PS], sur le site du "Monde", le club de la principauté bénéficierait au total de 70 millions d’euros d’avantages fiscaux : "l'AS Monaco n'est pas concernée par la taxe exceptionnelle sur les hautes rémunérations. Si le club était soumis à la législation française, le montant de la taxe serait de 20 millions d'euros... Au-delà, il existe [déjà] un énorme avantage fiscal et social pour l'ASM, que l'on peut estimer à 50 millions d'euros par rapport aux autres clubs de Ligue 1".

Afin de faire disparaître cet avantage dès la saison prochaine, la Ligue de football professionnel [LFP] a engagé depuis plusieurs mois un véritable bras de fer avec Monaco. La LFP a ainsi décidé en mars dernier d’obliger toute équipe évoluant dans un championnat professionnel français à avoir son siège en France à partir de juin 2014. En réponse, Monaco s’est tourné vers le Conseil d’État, mais son recours en annulation a été rejeté en juillet. Le dossier est pourtant loin d’être clos. Les juges du Conseil d’État doivent encore statuer sur le fond dans ce litige, et pourrait rendre, selon le journal l’Équipe, une décision finale d’ici février 2014.