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Immigration : Rome renforce son dispositif maritime et appelle l'UE à réagir

Submergée par les drames de l'immigration clandestine qui ont fait des centaines de morts ces derniers jours, l'Italie va renforcer son dispositif de sécurité en Méditerranée. Rome appelle également l'UE à affronter l'afflux des migrants.

Le gouvernement italien va multiplier les patrouilles en Méditerranée, en déployant des moyens navals et aériens supplémentaires au sud de la Sicile, pour tenter d'éviter de nouveaux drames de l'immigration clandestine, qui ont fait plusieurs centaines de morts ces derniers jours.

"Nous avons l'intention de tripler notre présence à la fois en termes d'effectifs et de moyens dans le sud de la Méditerranée pour une mission militaro-humanitaire rendue nécessaire en partie par le fait que la Libye est un 'non-État'", a précisé le ministre de la Défense, Mario Mauro, dans les colonnes du quotidien "Avvenire". En plus des gardes-côtes et de la police des frontières, trois bâtiments de la marine italienne, quatre hélicoptères et deux avions de reconnaissance équipés d'appareils de vision nocturne sont pour le moment affectés à la surveillance du sud de la Méditerranée.
Dimanche, la marine italienne a porté secours aux 400 occupants d'un bateau en perdition à une centaine de kilomètres au sud de la petite île italienne de Lampedusa et la centaine de passagers d'une autre embarcation ont été recueillis par les sauveteurs maltais. Vendredi, 34 corps et 206 rescapés ont été récupérés après le naufrage d'un bateau de clandestins au sud de la Sicile. De nombreuses personnes sont portées disparues et le bilan de ce naufrage pourrait en fait atteindre, voire dépasser, les 200 morts. Huit jours plus tôt, 350 personnes venant d'Erythrée et de Somalie s'étaient noyées aux abords de Lampedusa, entre la Sicile et la Tunisie.
La Méditerranée devient "un cimetière"

L'Italie et Malte, premiers concernés par la crise, réclament davantage de fonds à l'Union européenne et font pression pour que le sujet soit inscrit à l'ordre du jour du prochain Conseil européen, programmé les 24 et 25 octobre. "Le fait est qu'en l'état actuel, notre Méditerranée est en train de devenir un cimetière", a déploré samedi le Premier ministre maltais, Joseph Muscat. De l'Europe, il a dit attendre "non pas de l'argent" mais "un engagement politique" et une "stratégie claire".

Le ministre italien de la Défense a appelé l'UE à adopter des décisions concrètes lors de son prochain sommet "pour garantir la stabilité politique des pays africains et affronter les flux migratoires". Selon Mario Mauro, ce qui se passe "en Syrie fera fuir des millions de personnes pendant des décennies".
Par ailleurs, le président du Conseil italien, Enrico Letta, a demandé samedi la mise en œuvre immédiate d'Eurosur, un nouveau système européen de surveillances des frontières, face à l'afflux de migrants tentant leur chance en traversant la Méditerranée.
Le réseau Eurosur doit notamment permettre aux États de partager en temps réel images et informations sur la situation aux frontières extérieures de l'État. Il est prévu, pour le moment, qu'il commence à fonctionner le 2 décembre entre 18 États membres de l'union européenne, dont la France, puis dans les autres pays plus tard.
Avec dépêches