Au lendemain de son enlèvement par un groupe d'ex-rebelles, le Premier ministre libyen, Ali Zeidan, a qualifié de coup d'État son rapt. Il assure que ses ravisseurs ont pour projet de renverser le gouvernement.
Le Premier ministre libyen Ali Zeidan, enlevé jeudi 10 octobre à l'hôtel Corinthia, n’a pas hésité à parler de "tentative de coup d'État" pour qualifier son rapt, dans un discours à la nation retransmis vendredi par la télévision.
L’ancien otage a, par ailleurs, dénoncé "un acte criminel et terroriste", accusant, sans le nommer, "un parti politique" d'être derrière son enlèvement.
"Je ne pense pas que plus de 100 véhicules armés puissent boucler un quartier à la circulation, sans qu'un ordre ait été donné [...]. Ceci est une tentative de coup d'État contre la légitimité" du gouvernement, a-t-il déclaré.
Le Premier ministre libyen est également revenu sur les circonstances de son enlèvement. "Ils ont réveillé tous les résidents de l'hôtel, ont terrorisé le personnel, et ont volé des équipements", a-t-il expliqué.
"Ils sont entrés de force dans ma chambre, ils ont tout pris, tous mes vêtements et tous les documents (dont certains confidentiels)", a ajouté le Premier ministre, affirmant que les auteurs de son enlèvement "seront poursuivis par la justice".
Un véritable agenda politique
Vendredi matin, sur l’antenne FRANCE 24, le Premier ministre libyen avait déjà dénoncé un véritable agenda politique derrière sa capture.
"C’est un parti politique qui veut déstabiliser le gouvernement actuel, précipiter sa chute par tous les moyens, a déclaré le Premier ministre libyen, Ali Zeidan. "Pour avoir parlé avec ceux qui m’ont pris en otage, j’ai compris les raisons de mon enlèvement. Ils veulent destituer le gouvernement par la force, ou par la voie démocratique. Dans les jours qui viennent, je donnerai plus d’informations sur ce parti politique, qui a organisé mon enlèvement", a-t-il promis.
Âgé d'une soixantaine d'années, Ali Zeidan, avait été enlevé à l'aube, jeudi 10 octobre, à l'hôtel Corinthia, l'un des lieux les mieux protégés de la capitale, où il réside comme de nombreux hauts fonctionnaires et diplomates.
Peu après sa libération, le Premier ministre avait pourtant appelé à l'apaisement. "J'espère que ce problème (mon enlèvement, ndlr) sera réglé avec raison et sagesse", en évitant "l'escalade", avait-il déclaré lors d'une allocution retransmise à la télévision.
Les milices au-dessus des lois
Depuis la chute de Kadhafi en octobre 2011, les autorités de transition peinent à contrôler les groupes d'ex-rebelles ayant combattu l'ancien régime.
Aguerries par leurs combats contre les forces du dictateur déchu, lourdement armées et empreintes d'un sentiment de légitimité et d'impunité selon les observateurs, ces milices sont montées en puissance, refusant obstinément de déposer les armes.
Avec dépêches