Handicapée par un manque chronique d’armement lourd, la rébellion syrienne s’approvisionne auprès d’ateliers fabriquant de manière rudimentaire des mortiers, grenades, et autres missiles. Reportage à Alep dans l'une de ces forges artisanales.
"On fabrique tout nous-mêmes. Tout est fait maison ici, 100 % garanti fait à la main !", s’exclame Samir en manipulant de la poudre dans un atelier clandestin de confection d’armes dans la banlieue d’Alep, dans le nord-ouest de la Syrie. Autour de lui, plusieurs autres ouvriers s’activent avec précaution afin de mouler des roquettes dans des conditions rudimentaires.
Le patron des lieux, Yasser, explique à FRANCE 24 que son entreprise s’est reconvertie dans la récupération de débris et la production de projectiles afin de pallier les besoins criant en armes lourdes de la rébellion, qui combat le régime de Bachar al-Assad depuis plus de deux ans. En plus des grenades artisanales et des munitions, on fabrique dans cet atelier des roquettes de calibres 82 et 120, ainsi que des missiles d’une portée de 2 à 7 kilomètres.
Examinant un mortier de calibre 120 mm sortant de ses forges, Yasser souligne que ses produits n’ont rien à envier aux armes du régime syrien : "L’armée de Bachar utilise les mêmes… Sauf que nous, on les fabrique nous-mêmes, ils ne viennent pas de Russie ou de Corée du Nord".
Le patron met néanmoins en garde ses nouveaux clients, souvent peu habitués à la manipulation de ces armements, sur les risques inhérents aux explosifs artisanaux. Pas de quoi dissuader le chaland du jour, qui emporte deux énormes obus de mortiers sur la banquette arrière de sa voiture.