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Le dernier épisode de "Breaking Bad" est diffusé dimanche soir aux États-Unis. Les habitants d’Albuquerque, ville du Nouveau-Mexique où évoluent les personnages, craignent que les retombées touristiques disparaissent à leur tour.

Walter White va finalement raccrocher sa combinaison jaune. Le dernier épisode de "Breaking Bad", série américaine sur la descente aux Enfers d’un professeur de chimie reconverti dans la production de méthamphétamine pour payer sa chimiothérapie, sera diffusé dans la soirée du dimanche 29 septembre aux États-Unis.

La fin d’une série est toujours un moment triste pour ses fans. Mais l’épisode final de "Breaking Bad" pourrait avoir un impact plus sérieux pour Albuquerque, la ville du Nouveau-Mexique où la série est tournée depuis ses débuts en 2007. Au-delà des 200 personnes travaillant à temps plein sur le tournage, les retombées économiques ont été importantes : hôtels, services de catering (cantine pour le staff sur place), locations de limousines…

Le responsable des décors sur le plateau, Michael Flowers, explique ainsi au "New York Times" qu’il avait l’habitude de faire ses achats chez les antiquaires du coin. Il raconte comment il s’est procuré plus de 20 000 dollars de ferraille dans une carrosserie d’Albuquerque pour construire le décor du laboratoire de méthamphétamine de Walter White. Sa philosophie : "Ne rien acheter dans les chaînes de magasins. Aller dans les boutiques locales, garder l’argent à Albuquerque."

Albuquerque est devenue une star

"Breaking Bad", c’est aussi un pouvoir d’attraction touristique énorme. Depuis quelques années, cette localité de 500 000 habitants, restée jusque là dans l’ombre de sa voisine Santa Fe, attire les foules : les fans de la série s’y rendent par milliers pour retrouver les lieux qui ont servi de décor au programme.

Si bien que toute une économie liée au show télévisé s’est développée à Albuquerque : à mesure que l’audience de "Breaking Bad" augmentait – 6,6 millions de téléspectateurs ont regardé l’avant-dernier épisode dimanche dernier – la popularité de la ville grandissait. Vince Gilligan, le créateur de la série, a répété à l’envi qu’Albuquerque était devenu l’un de ses personnages principaux. Aujourd’hui, comme les acteurs, elle est devenue une star.

Il n’est donc pas rare de croiser des touristes, avec chapeau ou combinaison et masque à gaz, déambuler dans les fastfoods de la ville à la recherche d’un burrito, rapporte le "New York Times". L’un de ces restaurants, justement, a servi de décor à "Los Pollos Hermanos", un fastfood tenu par un baron de la drogue, rival de Walter White à l’écran. En réalité, il s’appelle "Twisters", et les fans défilent par centaines chaque semaine pour signer le livre d’or posé sur le comptoir.

Produits dérivés et tour opérateurs

La série aux trois Emmy Awards a aussi son lot de produits dérivés, explique le quotidien new-yorkais : un brasseur a baptisé quelques bières du nom des personnages principaux, une commerçante a créé des doughnuts "bleus meth" – de la couleur des cristaux de méthamphétamine fabriqués par notre chimiste devenu chef de cartel. Ironie du sort, ces mêmes doughnuts sont vendus dans le bâtiment qui a servi de décor à la DEA (Drug Enforcement Administration), l'agence fédérale de lutte contre les stupéfiants.

Il y a aussi Debbie Ball, la vendeuse de sucreries qui a créé un bonbon en forme de cristal bleu, utilisé comme accessoire pendant les deux premières saisons. Depuis août 2012, elle a vendu 35 000 sachets de ses bonbons, selon le "New York Times". Sans compter les tours opérateurs qui proposent des visites, comme celle de la maison de Walter White, en vélo ou en limousine. Encore aujourd’hui, ils affichent complet.

Une page se tourne

"On n’aurait jamais pu imaginer un tel impact pour une série qui parle de drogue. Mais c’est tellement bien filmé, et ils ont fait un si beau travail en montrant les paysages de notre État", témoigne le directeur du "Film Office" du Nouveau-Mexique au "New York Times". Cet État du Sud des États-Unis sait depuis longtemps attirer les productions sur son territoire grâce à une politique de subventions. Mais aujourd’hui, les mines sont grises à Albuquerque. Avec la fin du tournage en avril, et la diffusion du dernier épisode dimanche soir, c’est une page qui se tourne.

Les habitants comptent sur Netflix – un abonnement permettant de voir tous les épisodes à volonté sur Internet – pour faire durer encore un peu le pouvoir d’attraction d’Albuquerque, pour ceux qui n’ont pas vu "Breaking Bad" lors de sa diffusion sur la chaîne AMC.

Reste un dernier espoir : la création d’un "spinoff" (série dérivée), "Better call Saul", basé sur l’histoire de Saul Goodman, l’avocat haut en couleurs de Walter White, qui suscite déjà toutes les spéculations. Car même si les studios de la ville n’ont pas encore été approchés, le scénario prévoit bien d’ancrer le nouvel héros à Albuquerque.