
Manuel Valls s'est attiré les critiques de son camp après ses propos sur les Roms que certains ont jugé excessifs. Le ministre de l'Intérieur a déclaré mardi que seule "une minorité" de Roms souhaitait s'intégrer en France.
Manuel Valls persiste et signe. Critiqué pour des propos qu'il a tenus, mardi 24 septembre, sur les Roms, le ministre de l'Intérieur refuse de faire machine arrière. En niant la volonté d'intégration d'une majorité de Roms, dossier qui ne cesse d'enfler à l'approche des élections municipales, le ministre de l'Intérieur a pourtant semé le désarroi dans son propre camp. Mais mercredi, il a répondu à ses détracteurs en affirmant qu'il n'y avait "rien à corriger" dans ses déclarations.
"C'est illusoire de penser qu'on règlera le problème des populations roms à travers uniquement l'insertion", avait-il ainsi déclaré sur France Inter.
"Les solutions d'intégration" ne peuvent "concerner que quelques familles", "l n'y a "pas d'autre solution" que le démantèlement des campements et les reconduites à la frontière des individus, a-t-il poursuivi.
Cette ligne est conforme à la politique prônée depuis des mois par le ministre qui avait déjà déclaré en mars : "Les Roms ont vocation à rester en Roumanie ou à y retourner."
Mais alors que les maires se disent de plus en plus démunis sur cette question, Manuel Valls est cette fois allé plus loin. À la question de savoir si seulement une minorité de roms voulait s'intégrer en France, il a répondu : "Oui, il faut dire la vérité aux Français : ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation" avec les populations locales.
Critiques du gouvernement et de la gauche
Des propos qui ont aussitôté suscité de vives réactions du gouvernement et du Parti socialiste
Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a ainsi estimé mardi que les propos "excessifs" de son homologue de l'Intérieur Manuel Valls sur le manque de volonté d'intégration des Roms méritaient d'être "corrigés". "Je considère qu'il n'existe pas de théorie selon laquelle tel peuple, telle personne de telle origine ne pourrait jamais au grand jamais s'intégrer", a réagi M. Montebourg interrogé par BFM-TV.
Prenant également ses distances avec la prise de position du ministre de l'Intérieur, la ministre du Logement Cécile Duflot a de son côté estimé qu'il ne fallait "pas réfléchir à ces questions avec naïveté".
Vives réactions des associations
Des associations de défense des étrangers se sont également élevées contre ces propos. SOS Racisme l'a notamment accusé d'avoir "franchi la ligne rouge de l'inacceptable".
Pour le Mouvement européen contre le racisme (Egam), les propos de Manuel Valls sont "d'une extrême gravité".
"Ils insinuent que des modes et lieux de vie seraient déterminés par une origine ethnique. Ils nient la liberté de circulation de citoyens européens qui sera effective en 2014", écrit l'organisation dans un communiqué.
Dans Le Figaro.fr, Pierre Henry, directeur général de France Terre d'Asile dénonce "l'irresponsabilité" et "l'hypocrisie totale" des propos de Manuel Valls. Pour lui, les mots du ministre relèvent d'une vision "en noir et blanc" qui "ne va pas dans le sens de l'apaisement".
Pendant que ces débats battaient leur plein, 150 gendarmes sont intervenus dans un camp de Roms en Seine-et-Marne dans le cadre d'une enquête liée à des vols de câbles et de métaux. Au petit matin, deux campements abritant une centaine de Roms ont également été évacués dans l'Essonne.
Avec dépêches