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La presse tunisienne manifeste pour dénoncer les pressions

Les journalistes tunisiens ont débrayé, mardi, pour dénoncer les pressions du pouvoir sur la liberté d’information et réclamer l’application des décrets post-révolutionnaires censés régir la profession.

Les journalistes tunisiens sont en colère et le font savoir. Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) avait appelé à une journée de grève générale dans les médias tunisiens, mardi 17 septembre. Le syndicat dénonce "les tentatives d’atteinte à la liberté d’expression et de création" en Tunisie.

Mardi matin, la grande majorité des journaux, radios, télévisions et sites internet du pays ont observé une journée de débrayage, ne diffusant que des informations relatives à la grève et à la liberté de la presse. "Les journalistes tunisiens en ont ras-le-bol mais ils ne baissent pas les bras", titrait "Le Temps" ; "La bataille de la liberté d'expression fait rage", affichait en une "le Quotidien". "On peut étouffer les libertés, on peut rétablir insidieusement l'ordre de la terreur mais on entendra le tocsin de la révolte", martelait pour sa part "La Presse de Tunisie". Seuls les sites d'information sportive ont continué à couvrir l’actualité chargée depuis la qualification de la Tunisie pour le troisième tour des éliminatoires de la Coupe du monde.

"Le pouvoir n’arrivera jamais à dompter les journalistes"

À 14 heures locales, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant le siège du SNJT pour dénoncer une série d’arrestations : trois semaines de détention provisoire cet été pour Mourad Mehrzi, le caméraman qui avait filmé en août un jet d’œuf sur le ministre de la Culture ; trois jours pour Zied el-Heni, incarcéré pour avoir accusé un procureur de falsifier les preuves contre ce même caméraman. La libération sous caution du journaliste, lundi 16 septembre, n'a pas dissuadé le SNJT de maintenir l’appel à la grève pour envoyer un signal fort aux autorités. "Le pouvoir n'arrivera jamais à dompter les journalistes", a lancé Zied el-Heni à l'antenne de Mosaïque FM, dont les bulletins d'information étaient consacrés uniquement à la grève.

U ne large part de la société civile et des journalistes accusent depuis des mois les islamistes d'Ennahda de pressions sur la presse et de chercher à contrôler les lignes éditoriales des médias publics à travers les nominations de directions dociles. Une première grève en octobre 2012 avait déjà été très suivie. De plus, les agressions commises envers les journalistes se multiplient. L’Observatoire du Centre de Tunis pour la liberté de la presse a enregistré, pour le mois de juillet, le taux le plus élevé d’agressions commises envers les journalistes depuix dix mois.

L es défenseurs des droits de l'Homme soulignent notamment que le gouvernement, la justice et la police appliquent systématiquement aux médias le code pénal hérité du régime déchu de Zine el-Abidine Ben Ali au lieu des décrets post-révolutionnaires 115 et 116 bien moins répressifs organisant la liberté d'information. Contrairement aux dispositions pénales, ces décrets prévoient notamment que la diffamation et les délits de presse ne sont pas passibles de peines de prison ferme, ce que réclame Reporters sans frontières (RSF). Les autorités et le parti islamiste Ennahda ont multiplié les communiqués soulignant que la justice était indépendante.

Avec dépêches