
Sergueï Lavrov a insisté lundi sur le fait que l'accord conclu avec Washington ne portait que sur une résolution non contraignante pour Damas. Ses homologues britannique, français et américain ont eux appelé à une "résolution forte".
Moscou remet les points sur les i. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a mis en garde lundi 16 septembre contre une résolution menaçant la Syrie, qui ne correspond pas selon lui à l'accord conclu avec John Kerry à Genève pour démanteler le stock d'armes chimiques de Damas. Une réponse à ses homologues occidentaux Laurent Fabius, John Kerry et William Hague, qui se se prononcés un peu plus tôt dans la journée pour une "résolution forte" sur la Syrie.
"Je suis certain que malgré toutes les déclarations émanant de certaines capitales européennes, la partie américaine s'en tiendra strictement à ce qui a été convenu, comme un partenaire sérieux", a ainsi déclaré devant la presse Sergueï Lavrov. "Si quelqu'un veut menacer, chercher des prétextes pour des frappes, c'est une voie qui suggère à l'opposition au régime qu'on attend d'eux de nouvelles provocations, et c'est même une voie qui peut saper définitivement la perspective de Genève 2", la conférence de paix que la communauté internationale tente d'organiser pour mettre fin à la crise syrienne, a-t-il ajouté.
Précisions sur l'accord de Genève
Il a souligné que l'accord conclu samedi avec le secrétaire d'État américain ne prévoyait pas que la résolution à adopter dans un premier temps au Conseil de sécurité de l'ONU sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien fasse mention du recours au chapitre 7 de la charte de l'ONU, qui autorise le recours à la force. "Pour ce qui concerne les déclarations de certains de nos partenaires sur la nécessité d'adopter dans l'urgence, j'ai même entendu avant la fin de la semaine, une résolution sous chapitre 7, cela montre d'abord une incompréhension de ce dont nous avons convenu avec John Kerry, et même le refus de lire ce document", a déclaréle ministre russe des Affaires étrangères.
"Nos collègues américains avaient très envie que cette résolution soit adoptée sous chapitre 7. Mais le document final que nous avons approuvé, et qui constitue notre feuille de route et un engagement mutuel, ne contient pas une telle mention", a-t-il ajouté. "C'est autre chose si au cours de la mise en œuvre des décisions (...) sont décelés des cas de non respect des obligations, (...), si le gouvernement ou l'opposition agissent de telle sorte qu'ils créeront une menace pour le travail des inspecteurs, ou si quelqu'un - qui que ce soit - utilise des armes chimiques", a poursuivi le ministre russe. "Le Conseil pourra alors, sur la foi de faits établis, adopter une nouvelle résolution, qui peut être adoptée sous chapitre 7, avec l'ensemble des mesures de contrainte que cela comporte", a-t-il dit, précisant : "Ce sera une tout autre résolution".
Les Occidentaux appellent à "résolution forte"
Ces déclaration surviennent alors que les chefs de la diplomatie de la France, des États-Unis et du Royaume-Uni, réunis à Paris, se sont prononcés lundi pour une résolution "forte et contraignante" à l'égard de Damas. "Les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, nous voulons obtenir du Conseil de Sécurité des Nations unies dans les jours prochains une résolution forte, a encore affirmé Laurent Fabius."Une résolution qui prévoira bien sûr des conséquences sérieuses si elle n'était pas appliquée".
"La pression est sur eux [le régime de Damas, NDLR] pour qu'ils appliquent intégralement cet accord. Le monde doit être prêt à en tirer les conséquences s'ils ne le font pas", a renchéri William Hague.
"Si Assad n'applique pas l'accord sur les armes [chimiques], il y aura des conséquences", a approuvé de son côté John Kerry. "Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour aider le peuple syrien à sortir du chaos et de la violence", a-t-il ajouté.
Les diplomates se sont réunis lundi afin de mettre en forme la prochaine résolution du Conseil de sécurité, par le biais d’un texte prévoyant des vérifications en Syrie, l'identification des 50 sites où est caché l'arsenal chimique syrien et les modalités de sa destruction en 2014.
Avec dépêches