Le policier poursuivi pour la mort de deux jeunes dans un accident de la route à Villiers-le-Bel en 2007 a été condamné à six mois de prison avec sursis. Le drame avait embrasé la ville, secouée par des heurts entre jeunes et forces de l'ordre.
Lors de l'audience le 7 juin, le procureur avait demandé implicitement la relaxe pour le fonctionnaire de police à l'origine de l'accident de la route qui avait tué deux jeunes à Villiers-le-Bel (Val d'Oise) en 2007, insistant sur la "prise de risque" et le "comportement routier aberrant" des deux adolescents, mais n'avait pas réclamé de peine. C’est finalement à 6 mois de prison avec sursis que Franck Viallet a été condamné vendredi 13 septembre par le tribunal correctionnel de Pontoise. Il était poursuivi pour homicides involontaires et encourrait une peine théorique de cinq ans de prison et de 75 000 euros d'amende.
Le 25 novembre 2007, il conduisait le véhicule de police qui a percuté deux adolescents à scooter à Villiers-le-Bel, les tuant dans l’accident. Selon un rapport d'expertise, la voiture était en phase d'accélération au moment de l'accident, et roulait à près de 64 km/h - au lieu des 50 km/h autorisés - sans gyrophare ni avertisseur. Mais les deux adolescents circulaient sur une moto qui n'était pas destinée à la route, dépourvue de freins et d'éclairage, à une vitesse supérieure à la limite autorisée. Ils ne portaient par ailleurs pas de casque et n'avaient pas respecté une priorité à droite.
"Une grande victoire pour les familles" des victimes
La mort de Mushim et Lakamy avait déclenché deux jours d'émeutes dans la commune populaire de 27 000 habitants située au nord de Paris. Une centaine de policiers avaient été blessés durant cette flambée de violences, qui avait fait craindre une répétition des émeutes de 2005, parties de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) avant d'embraser la France.
"Mon client est nécessairement déçu", a dit à Reuters son avocat, maître Frédéric Champagne, peu après le verdict. "Le souvenir de cet accident était déjà douloureux pour Franck Viallet, cette condamnation ajoute à la douleur qui pouvait être la sienne", a-t-il ajouté, disant ne pas avoir pris de décision à ce stade sur un éventuel appel. Maître Emmanuel Tordjman, avocat des parties civiles, a de son côté salué une décision "qui prend en compte les responsabilités des uns et des autres". "C'est une grande victoire pour les familles qui se sont comportées très dignement tout au long de la procédure judiciaire", a-t-il dit à Reuters.
Avec dépêches