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CIO : six candidats en lice pour devenir le seigneur des anneaux

Les membres du CIO élisent mardi leur nouveau président parmi six candidats. L'Allemand Thomas Bach fait figure de favori, tandis que le perchiste Sergueï Bubka apparaît comme un outsider pour succéder au Belge Jacques Rogge.

Après douze ans de présidence à la tête du Comité international olympique (CIO), le Belge Jacques Rogge va laisser une empreinte globalement positive. En succédant en 2001 au controversé Juan Antonio Samaranch, l’ancien champion de voile avait trouvé une institution entachée par les affaires de corruption et notamment celles concernant l’attribution des JO d’hiver de 2002 à Salt Lake City. Pendant son mandat, il s’est attelé à faire le ménage en multipliant les mesures d’éthique et de transparence. Le président du CIO a aussi lutté avec fermeté contre le dopage avec une tolérance zéro affichée, synonyme de nombreuses suspensions et d’annulations de médailles.

Même si Jacques Rogge a été accusé de privilégier les intérêts financiers en se soumettant aux demandes des grands groupes de médias (la chaîne américaine NBC avait demandé à changer les horaires de la natation et de la gymnastique à Pékin en 2008) ou d’avoir trahi les valeurs de l’olympisme et des droits de l’Homme en attribuant les JO d’été de 2008 à la Chine, il est indéniable que son successeur va hériter d’un CIO en ordre et aux caisses bien pleines.

Avant de tirer sa révérence mardi 10 septembre, Jacques Rogge a tenu à encourager le futur président. "Si je ne peux prédire qui sera le prochain président du CIO, je peux néanmoins affirmer ceci : celui qui sera élu vivra une expérience inoubliable. Quand vous êtes comme moi, un amoureux du sport, c’est un immense privilège de pouvoir contribuer à la réalisation des rêves des athlètes et de mettre le sport au service de la société", a-t-il déclaré le 6 septembre à l’ouverture de la session du CIO à Buenos Aires, en Argentine.

Un favori et cinq outsiders

Pour reprendre les rênes de l’autorité suprême du mouvement olympique, six hommes se sont portés candidats :

- L’Allemand Thomas Bach : Le président du Comité olympique allemand, médaillé d’or en 1976 à Montréal en escrime, fait figure de grand favori. Il est le premier à s’être déclaré candidat en mai dernier. Cet avocat et homme d’affaires brillant, qui a notamment travaillé pour Adidas et Siemens, a l’habitude des rôles de dirigeant. Il est d’ailleurs à la tête de la chambre de commerce et d’industrie germano-arabe. Alors que les bookmakers le donnent déjà gagnant, il préfère toutefois rester prudent. "Je suis un athlète, j’ai de l’entraînement et je connais la compétition, mais tous les candidats seront sur la même ligne de départ mardi", a-t-il récemment déclaré. Malgré son excellent CV, Thomas Bach pourrait pâtir des récents scandales de dopage concernant l’Allemagne de l’Ouest durant les années 1970 et 1980. Le champion de fleuret s’est récemment défendu en déclarant qu’il n’en savait rien quand il était athlète et que c’est d’ailleurs lui qui a demandé une enquête à ce sujet en 2008.

- Le Singapourien Ng Ser Miang : Juste derrière le candidat allemand, Ng Ser Miang fait de plus en plus parler de lui dans les conversations entre les membres du CIO. Cet ancien navigateur reconverti dans les affaires (il est le patron d’une chaîne de supermarchés) et dans la diplomatie (il est ambassadeur non permanent de Singapour en Norvège) pourrait devenir le premier Asiatique à diriger le CIO. Alors que la présidence est jusqu’à présent revenue exclusivement à des Européens et à un Américain, son élection pourrait revêtir un aspect très symbolique. Très apprécié pour sa gentillesse, Ng Ser Miang a gagné des points en organisant les premiers Jeux de la jeunesse à Singapour en 2010.

- L’Ukrainien Sergueï Bubka : L’ancien tsar de la perche, détenteur de 35 records du monde, est le plus connu de tous les candidats. S’il est élu, ce serait la première fois qu’un athlète de légende dirige le CIO. Président du Comité olympique ukrainien et vice-président de la Fédération internationale d’athlétisme, il connaît déjà bien les rouages des instances dirigeantes du sport. Mais malgré son expérience et sa popularité, certains membres du CIO estiment qu’à l’âge de 49 ans, le champion olympique et sextuple champion du monde est peut-être encore un peu trop jeune pour de telles responsabilités, alors que les autres candidats sont presque tous sexagénaires.

- Le Portoricain Richard Carrion : Cet homme d’affaires fait figure d’extraterrestre parmi les autres candidats car il est le seul à ne pas avoir été athlète de haut niveau. PDG de la banque Popular INC, il rattrape ce défaut par ses talents financiers. Le Portoricain est celui qui a notamment permis au CIO de décrocher le juteux contrat de 3,31 milliards d’euros avec la chaîne américaine NBC pour l’exclusivité des droits télévisés des Jeux aux États-Unis jusqu’en 2020. Alors que les instances sportives ressemblent plus désormais à des multinationales, son carnet d’adresse et sa connaissance des milieux d’affaires jouent en sa faveur.

- Le Taïwanais Ching-Kuo Wu : Joueur de basket-ball dans sa jeunesse, ce Taïwanais dirige depuis 2006 la Fédération internationale de boxe amateur (AIBA). Au sein de cette instance, il s’est démarqué en combattant la corruption et en mettant en avant la boxe féminine. Pour sa candidature, cet architecte de profession entend surtout promouvoir l’organisation de Jeux olympiques en Afrique. "Les JO ont été organisés sur tous les continents sauf l’Afrique, et en conséquence, je ferai tout ce que je peux pour que nous ayons des Jeux en Afrique", a-t-il ainsi affirmé.

- Le Suisse Denis Oswald : Athlète accompli, cet avocat et professeur de droit a participé à trois reprises aux Jeux olympiques d’été en aviron. Il a d’ailleurs remporté une médaille de bronze en 1968 à Mexico. Très investi au sein du CIO, il a dirigé la commission de coordination des Jeux d’Athènes en 2004, puis de Londres en 2012. Second candidat européen, Denis Oswald semble toutefois distancé par l’Allemand Thomas Bach.