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Entre scepticisme et fatalisme, les Damascènes attendent le début d'éventuelles frappes menées par les États-Unis et leurs alliés. Mais dans les rues de Damas, la vie se poursuit sans que rien ne laisse présager d'une intervention occidentale.

À Damas, comme un signe des temps, pour la deuxième nuit consécutive, le ministère syrien de la Défense a été plongé dans le noir  comme pour disparaître, pour qu’on ne le voit pas du ciel. Cette anecdote, rapportée par l’envoyé spécial de FRANCE 24 Antoine Mariotti, jeudi 29 août, constitue le peu d’éléments visibles de la préparation de l’État syrien à une intervention aérienne des États-Unis et de leurs alliés.

Le ministère de la Défense, comme la plupart des centres militaires, est situé au centre-ville, au milieu de la population, explique Antoine Mariotti. "C’est ce qui fait penser aux habitants que les frappes ne toucheront pas forcément le centre de Damas", poursuit le journaliste.

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"Pas de préparatifs visibles ici, à Damas"

Les Damascènes sont en effet sceptiques sur la possibilité d’une intervention militaire étrangère. "Les bombardements sont impossibles parce qu'il y a énormément de monde à Damas. Comment peuvent-ils frapper une ville aussi peuplée ? Si leur but est humanitaire, pourquoi est-ce qu'ils veulent nous tirer dessus ? C'est nous qui allons perdre la vie, s'ils frappent c'est nous qui allons en payer le prix", s’insurge une femme devant la caméra de FRANCE 24 lors d'une interview réalisée dans la rue, sous la surveillance du régime.

"Je n'y crois pas parce que les Américains ne vont pas répéter les mêmes erreurs qu'ils ont commis en Irak. Et il ne faut pas oublier que la Syrie, c'est autre chose que l'Irak", renchérit un homme.

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"La Syrie sera leur tombeau"

Apparemment donc, la vie se poursuit à Damas. "Les gens se baladent, en amoureux, font leurs courses. Une vie normale continue, même si les rues sont un peu moins pleines. Seules quelques femmes avouent aujourd’hui avoir peur des bombardements. Tous les hommes disent être fiers de leur régime, ne pas avoir peur, et attendre de pied ferme ces frappes américaines", rapporte Antoine Mariotti.

Il n’y a donc pas de préparatifs visibles à une éventuelle intervention occidentale. Des barrages et des checkpoints sont toujours installés à chaque coin de rue, comme à l’ordinaire. "On entend des officiers nous dire, sous couvert d’anonymat, que l’armée aurait changé ses positions et évacué des positions militaires, à travers des camions civils réquisitionnés. Mais avec un régime aussi secret et à la veille de frappes aériennes, il est impossible pour nous de vérifier ces informations", explique l’envoyé spécial de FRANCE 24.

Le discours des autorités, tel le ministre de la Justice avec lequel Antoine Mariotti s’est entretenu, est celui-ci : "Nous sommes prêts, s’ils veulent nous attaquer, c’est injustifié, mais nous sommes prêts, et la Syrie sera leur cimetière". Un point de vue relayé par cet homme, interrogé dans la rue : "Les citoyens syriens ont confiance dans leur armée et leur gouvernement. Si n'importe quelle armée a envie de venir chez nous, qu'elle vienne ! Mais la Syrie sera son tombeau".