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Judo : Majlinda Kelmendi décroche le premier titre mondial du Kosovo

En décrochant l'or aux Mondiaux de judo à Rio, la Kosovare Majlinda Kelmendi est entrée dans l'histoire. Après avoir été interdite de représenter son pays lors des JO 2012, elle est devenue la première sportive du Kosovo à remporter un titre mondial.

Sur le tatami du Maracanazinho Arena de Rio, Majlinda Kelmendi n’a pas pu cacher son émotion. À la fin de son combat victorieux mardi 27 août en finale des moins de 52 kg, la judokate s’est effondrée dans les bras de son adversaire brésilienne Erika Miranda. À 22 ans, la Kosovar est entrée dans l’histoire de son sport et surtout de son pays. Pour la première fois dans un championnat du monde, une athlète de ce petit État des Balkans est montée sur la plus haute marche du podium.

"Je suis vraiment heureuse de ce que j’ai réalisé" a confié Majlinda Kelmendi au site Insidethegames après avoir reçu sa médaille d’or, "cela représente beaucoup d’émotions et je suis très fière de mon résultat".

Ce titre a bien entendu été salué par les médias kosovars qui ont largement consacré leur une à cet événement, mais aussi par des personnalités du pays. Sur son compte Twitter, le ministre des Sports Memli Krasniqi n’a pas manqué de féliciter la nouvelle héroïne nationale : "Cette victoire est spectaculaire ! Il s’agit d’un moment historique pour le sport kosovar !"

Une bataille contre les instances internationales

La reconnaissance internationale du Kosovo

En juillet 2013, le Kosovo avait été formellement reconnu par 99 États, représentant l’essentiel des grandes démocraties (dont 22 des 27 États membres de l’Union européenne et tous les membres du G7).

Le Kosovo est membre du FMI, de la Banque mondiale, de la BERD et de la Banque de développement du Conseil de l’Europe, mais il ne fait pas partie de l'Organisation des Nations unies (ONU). Pour le devenir, l'entité doit obtenir le soutien de 9 membres du Conseil de sécurité sur les 15, en comprenant l'avis favorable des 5 membres permanents, puis obtenir à l'Assemblée générale un avis positif à la majorité des deux tiers (des 193 membres).

Cette première médaille d’or pour le Kosovo est d’autant plus importante que la judokate a dû batailler pendant des années pour obtenir le droit de porter sur son kimono le nom de cet ancien État de l’ex-Yougoslavie qui s’est déclaré indépendant en 2008.

Il y a un an, Majlinda Kelmendi, originaire de Pecs, dans le nord-ouest du Kosovo, n’avait pas pu représenter son pays aux Jeux olympiques 2012, organisés à Londres. Malgré ses demandes répétées, le Comité international olympique (CIO) n’avait pas voulu reconnaître le Kosovo comme un État indépendant. Sur les tatamis londoniens, la combattante avait ainsi dû porter les couleurs de l’Albanie, pays pour lequel elle avait déjà remporté en 2009 le titre de championne du monde junior.

"Elle a reçu une bourse olympique de l’Albanie. Elle dispose d’un passeport albanais et le Comité national olympique de ce pays est prêt à la sélectionner pour les JO", s’était ainsi justifié en mai 2012 le président du CIO Jacques Rogge auprès de la BBC.

Ces explications n’avaient pas vraiment convaincu l’athlète qui avait dénoncé de son côté des raisons "politiques".  "Il y a beaucoup de pays qui ne soutiennent pas le Kosovo", avait-elle expliqué à la BBC en faisant référence à la Serbie, soupçonné alors d'exercer des pressions sur le CIO. "Malheureusement, le Kosovo est un petit pays qui n’est pas encore assez fort politiquement pour influencer certaines choses", avait-elle ajouté.

"On peut y arriver"

Malgré ces aléas diplomatiques, la sportive, dont le pays est en revanche reconnu par la Fédération internationale de judo depuis avril 2012, n’a jamais cessé de progresser. Après s’être inclinée en huitième de finales à Londres, elle a remporté cette saison le Master, qui réunit les 12 meilleurs compétiteurs mondiaux, puis le bronze lors des Championnats d’Europe.

À chacun de ces exploits, Majlinda Kelmendi ne manque pas de rendre hommage à son entraîneur Driton Kuka. Pour la championne, ses médailles reviennent pour moitié à son coach, ancien judoka, qui avait manqué les JO de Barcelone en 1992 après s’être engagé dans l’armée de libération du Kosovo. À eux deux, ils comptent bien continuer à enchaîner les podiums et surtout à montrer à leurs concitoyens que "tout est possible".

"Si on veut quelque chose, il faut se battre et on peut y arriver. Le Kosovo est un tout petit pays, très pauvre, où il y a encore des enfants qui ne mangent pas à leur faim", a ainsi insisté après son titre mondial, Majlinda Kelmendi, devenue désormais le symbole de tout un peuple.