
"Très choqué" par les pressions exercées par Ankara contre la présidence danoise de l'Otan, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, n'est plus favorable à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne.
AFP - Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a affirmé mardi qu'il n'était plus favorable à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, précisant avoir été "très choqué" par les pressions turques contre le choix du Premier ministre danois comme patron de l'Otan.
"Moi, j'étais partisan de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne", a déclaré sur RTL le ministre, qui a participé à plusieurs gouvernements socialistes avant de rejoindre celui de Nicolas Sarkozy, précisant qu'il ne l'était plus depuis le sommet de l'Otan samedi à Strasbourg.
Lors de cette réunion, la Turquie a longtemps bloqué l'approbation du Danois Anders Fogh Rasmussen comme secrétaire général de l'Otan, avant de céder à des pressions américaines en échange de plusieurs garanties.
Comme on lui demandait pourquoi il parlait à l'imparfait de son soutien à l'entrée d'Ankara dans l'UE, Bernard Kouchner a répondu: "Oui, parce que j'ai été très choqué par cette forme de pression qui a été exercée sur nous" lors du sommet de l'Otan.
A l'appui de son opposition, la Turquie a reproché à Anders Fogh Rasmussen d'avoir défendu la publication au Danemark de caricatures controversées de Mahomet qui avaient provoqué la colère du monde musulman en 2005. Les Etats-Unis se sont portés garants de plusieurs engagements du Danois à favoriser, une fois à l'Otan, un dialogue avec le monde musulman.
Selon la presse turque, plusieurs postes clés au sein de l'Alliance devraient aussi revenir à Ankara.
Ce rappel de l'affaire des caricatures de 2005 "me semblait le moins qu'on puisse dire, maladroit". Et "l'évolution de la Turquie dans le sens, disons, d'une religion plus renforcée, d'une laïcité moins affirmée, m'inquiète", a aussi souligné Bernard Kouchner.
Au sommet de l'Otan, "la pratique (des Turcs) m'a choqué", a-t-il insisté.
"Ce n'est pas aux Américains de décider qui entre en Europe ou pas", a ajouté Bernard Kouchner.
Barack Obama a affirmé dimanche lors d'un sommet UE/Etats-Unis à Prague que "l'adhésion de la Turquie à l'UE (...) assurerait que (l'Occident continue) à ancrer fermement la Turquie en Europe".
"J'ai toujours été opposé à cette entrée et je le reste", a répliqué vertement peu après Nicolas Sarkozy.
Les négociations d'adhésion de la Turquie, entamées en 2005, piétinent. Paris et Berlin sont contre cette adhésion, Londres est pour comme le président de la Commission européenne, le Portugais José Manuel Barroso.