
Jugé pour sa présumée implication dans deux massacres perpétrés par un escadron de la mort qui firent 25 morts en 1991 et 1992, l'ex-président péruvien Alberto Fujimori sera bientôt fixé sur son sort. Il risque 30 ans de prison.
AFP - La justice péruvienne rend ce mardi son verdict sur l'ancien chef de l'Etat de 1990 à 2000, Alberto Fujimori, au terme de près d'un an et demi de procès pour violations des droits de l'Homme pendant sa présidence.
L'imminence du jugement a généré une certaine crispation à Lima, où des partisans de l'ancien président, mais aussi des familles de ses victimes, ont appelé à des rassemblements. Dix mille policiers ont été placés en état d'alerte, et le chef de l'Etat Alan Garcia a appelé à respecter le jugement.
M. Fujimori, 70 ans, risque 30 ans de prison pour son rôle d'instigateur présumé dans deux massacres qui firent 25 morts, en novembre 1991 et en juillet 1992, des actes perpétrés par un escadron de la mort, outil de la guerre occulte que menait alors l'Etat contre les guérillas de gauche.
Fujimori a clamé son innocence au long du procès, qu'il a dénoncé comme "politique" et visant le courant fujimoriste. Celui-ci représente huit députés au Congrès, dont sa fille aînée Keïko, une députée très populaire qui pourrait se présenter à la présidentielle de 2011.
La défense a réclamé l'acquittement de Fujimori faute de preuves.
Le verdict clôt un chapitre particulièrement douloureux pour le Pérou: le conflit entre l'armée et les guérillas du Sentier lumineux (maoïste) et du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru (MRTA, guévariste), qui fit 70.000 morts et disparus dans les années 1980-2000.
Homme fort du Pérou pendant dix ans, Fujimori a laissé au pays un héritage ambivalent, stabilisant l'économie et rétablissant la sécurité face aux guérillas, mais basculant vers l'autocratie, les atteintes aux droits de l'Homme, et la corruption à grande échelle, qui provoqua sa chute.
Déjà condamné à six ans de prison fin 2007 dans une affaire distincte d'abus de pouvoir, Fujimori attend deux procès pour faits de corruption.
Dans une défense de son héritage politique, il a aussi lancé que l'histoire lui saurait gré d'avoir "pacifié et stabilisé" le Pérou, qui vivait alors dans un "enfer créé par le terrorisme".
Le pays resta profondément marqué par le conflit entre l'armée et les guérillas du Sentier lumineux (maoïste) et du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru (MRTA, guévariste) dans les années 1980-2000, qui fit 70.000 morts et disparus.
Fujimori a déjà été condamné fin 2007 à six ans de prison dans une affaire distincte de perquisition illégale et d'abus de pouvoir.
La députée Keiko Fujimori, sa fille aînée et son héritière en politique, candidate déclarée à l'élection présidentielle de 2011, a exprimé sa crainte d'un jugement décidé par avance contre son père.
"Je m'inquiète de l'annonce par le tribunal d'une sentence le mardi 7 avril", a-t-elle déclaré à l'extérieur du procès. "Un seul jour (ouvrable, lundi) pour débattre de ce qui a pris des années à élucider ?"
"J'espère que cela ne sera pas l'annonce d'une sentence déja préparée à son encontre".
Le juge Cesar san Martin, a pour sa part résolument écarté tout soupçon de pression politique. "Personne n'a fait pression sur nous, et nous ne laisserons personne le faire. Nous prononcerons une sentence que nous croyons juste".