Les fidèles de la mosquée d'El Forkane de Vénissieux se sont rassemblés lundi soir, suite à l'attaque que projetait un militaire proche de l'extrême droite, arrêté dimanche. Ces musulmans ont protesté contre l'"islamophobie montante".
Au lendemain de l'annonce de l'arrestation d'un militaire proche de l'extrême droite qui préparait un attentat contre la mosquée El Forkane de Vénissieux, près de Lyon, environ 150 musulmans se sont rassemblés lundi 12 août devant l’édifice pour dénoncer "l'islamophobie montante".
Réunis dans un calme grave, les musulmans présents lundi soir se sont dits inquiets de la "montée de l'islamophobie". "Cet homme avait une volonté délibérée de tuer", a réagi le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, "on a dépassé l'islamophobie verbale".
"Les femmes voilées n'osent plus sortir"
"Les musulmans ont peur aujourd'hui, les femmes voilées n'osent plus sortir, ça nous rappelle la situation des Juifs dans les années 30", a lancé Abdelaziz Chaambi, de la coordination contre le racisme et l'islamophobie, aux nombreux journalistes présents. "Rien ne nous dit que ça ne va pas se reproduire", a-t-il ajouté.
Jeune femme voilée, Mariem, membre du collectif de lutte contre l'islamophobie en France, a relevé "une succession d'actes à l'encontre des musulmans" ces dernières années. Pour elle, "les violences prennent de l'ampleur".
L'émotion a rapidement laissé place à la critique. "Nous avons alerté à plusieurs reprises les pouvoirs publics, nous avons sollicité des réunions, des commissions, et à chaque fois nous avons reçu un refus catégorique", s’est encore indigné Abdelaziz Chaambi.
En conclusion de son allocution sur le perron de la mosquée, Kamel Kabtane, a de son côté, regretté qu’"aucun responsable au niveau national n'[ait] pris position pour ce qui s'[était] passé".
"Monsieur Valls ne veut pas reconnaître l'islamophobie", a-t-il dénoncé. "Dans le quartier 93 % des gens ont voté Hollande, mais je vous promets que s'il n'y a pas des mesures sérieuses qui sont prises [...], et bien ils n'auront plus les voix des musulmans !"
"Des propos nauséabonds"
La maire PCF de Vénissieux, Michèle Picard, a fustigé lundi matin des "propos nauséabonds de leaders nationalistes qui abreuvent les réseaux sociaux de leur haine", citant Alexandre Gabriac dont le mouvement d'extrême droite radicale "Jeunesses nationalistes" a été dissous le 24 juillet sur décret présidentiel.
Sur son compte Twitter, celui-ci a écrit entre dimanche soir et lundi : "Le gouvernement a voulu nous dissoudre ? Qu'il prenne ses responsabilités face à des actes isolés de colère légitime que nous ne pouvons plus contrôler".
Avec dépêches