Faisant fi des injonctions des forces de l'ordre, les partisans du président déchu Mohamed Morsi ont refusé de quitter les deux places du Caire qu'ils occupent depuis un mois. Les contestataires appellent à de nouvelles actions.
Ils ne comptent pas baisser les armes. Alors que le gouvernement a donné son feu vert aux forces de l'ordre pour mettre fin aux manifestations pro-Morsi et multiplie les coups de semonce, une nouvelle mobilisation massive des partisans de l'ancien président déchu Mohamed Morsi s'est tenue vendredi 2 août en Égypte. Jeudi au soir, les hélicoptères militaires survolaient la place Rabaa al-Adawiya, selon l'agence de presse officielle Mena, et les chefs de la police étaient réunis pour mettre au point une stratégie en vue de disperser les sit-in.
Mais les manifestants islamistes, qui exigent le retour de Mohamed Morsi déposé par l'armée le 3 juillet, ont défié les militaires et la police en refusant de quitter Rabaa al-Adawiya et al-Nahda, les deux places qu'ils occupent depuis un mois au Caire.
"Nous allons poursuivre nos sit-in et nos manifestations pacifiques", a déclaré une de leur porte-parole, Ala Mostafa.
Depuis fin juin, plus de 250 personnes - essentiellement des manifestants pro-Morsi - ont été tuées dans des affrontements avec les forces de l'ordre et des opposants au président déchu. Le 27 juillet, ce sont 82 personnes qui ont péri près d'un rassemblement pro-Morsi.
L'armée a permis de "rétablir la démocratie"
La situation semble d’autant plus dans l'impasse que plusieurs dirigeants européens ont mené ces derniers jours un véritable ballet diplomatique au Caire pour tenter une médiation entre le gouvernement intérimaire et les Frères musulmans, la confrérie islamiste dont est issu Mohamed Morsi. En vain. Le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle a même évoqué une situation "très explosive".
Plusieurs voix se sont élevées pour défendre le droit au rassemblement des pro-Morsi. "Une manifestation pacifique n'est pas une ‘menace pour la sécurité nationale’", a ainsi estimé Human Rights Watch. Washington a de sonc côté appelé à "respecter le droit aux rassemblements pacifiques" et Londres a demandé "une fin immédiate de l'effusion de sang".
Jeudi 1er août, le secrétaire d'État américain John Kerry s'est dit "très, très inquiet" de la situation, mais il a pris les observateurs à contre-pied en estimant que l'intervention de l'armée avait permis de "rétablir la démocratie". "Des millions et des millions de gens ont demandé à l'armée d'intervenir. Tous avaient peur d'une descente dans le chaos et la violence", a-t-il déclaré à la télévision pakistanaise Geo TV.
Jusqu’alors, les États-Unis, de très loin le principal bailleur de fonds de l'Égypte, s'étaient bien gardés de qualifier de coup d'État l'arrestation par les militaires de l’ancien président Mohamed Morsi.
Avec dépêches