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Le Rwanda commémore le génocide de 1994 qui a fait 800 000 morts, essentiellement d'ethnie tutsie. La date anniversaire retenue, le 6 avril, correspond au jour où l'avion du président Habyarimana (photo) était abattu au-dessus de Kigali.

AFP - Le Rwanda entend mettre en exergue "la faillite de l'humanité" en 1994 à l'occasion de la commémoration mardi du 15e anniversaire du génocide au cours duquel environ 800.000 personnes, essentiellement d'ethnie tutsie, ont été massacrées en une centaine de jours.

La cérémonie nationale se déroulera dans un lieu hautement symbolique: Nyanza, une colline de Kigali où des milliers de personnes qui s'y étaient réfugiées furent massacrées le 11 avril 1994 après le retrait du contingent belge de la force de l'ONU au Rwanda qui les protégeaient contre les tueurs.

Le gouvernement belge avait décidé de rapatrier ses troupes de la force de l'ONU après que 10 de ses para commandos eurent été tués le 7 avril 1994 par des éléments de l'armée régulière rwandaise.

"Nyanza, c'est l'échec de la communauté internationale, c'est la faillite de l'humanité toute entière", estime Benoît Kaboyi, secrétaire exécutif d'Ibuka (souviens-toi, en langue rwandaise), principale organisation de survivants du génocide.

"Que faire pour que cela ne se reproduise plus jamais ni au Rwanda, ni ailleurs? Voilà la question qui est posée à la communauté intenationale", ajoute M. Kaboyi.

Pour ne pas oublier ces massacres, Ibuka qui avait son siège au centre-ville de Kigali a emménagé à Nyanza en mai 2008.

"Nous devons vivre près des nôtres tués à Nyanza, c'est une obligation morale pour nous", assure M. Kaboyi, soulignant que plus de 5.000 personnes y ont été sauvagement massacrées après le départ des soldats belges.

Le secrétaire exécutif d'Ibuka appelle néanmoins les survivants à envisager l'avenir avec optimisme, en dépit de ces plaies encore mal cicatrisées.

"La mémoire sera toujours un devoir; mais nous devons aussi aller de l'avant; il faut que l'espoir renaisse après la mort; ce que nous devons aux nôtres tués c'est de vivre, et de vivre convenablement", dit-il.

Tout en se réjouissant que "certains rescapés soient en train de terminer ou ont déjà terminé l'université", il souligne que "de nombreux autres sont encore sous le joug des conséquences du génocide".

Ainsi, à l'occasion de ce 15ème anniversaire, tous les Rwandais dans leur communauté sont appelés à "s'approcher des rescapés, pour leur manifester un soutien moral et psychologique", indique la ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement, Louise Mushikiwabo.

C'est pour elle, l'occasion de jeter "un regard rétrospectif" pour évaluer le pas franchi depuis juillet 1994.

Cet anniversaire est par ailleurs dédié par les autorités rwandaises à "la lutte contre le négationisme et le révisionnisme".

Le point d'orgue des cérémonies du 7 avril sera le discours du président Paul Kagame, chef de l'ex-rébellion du Front patriotique rwandais (FPR, actuellement au pouvoir) qui a arrêté le génocide.

Par ailleurs, le chef de l'Etat et tous les membres du gouvernement déposeront des fleurs sur les tombes des victimes inhumées au mémorial de Nyanza.

Des cérémonies auront également lieu en province, marquées notamment par l'enterrement des restes de victimes récemment découverts.