La justice tunisienne a accordé ce lundi un non-lieu à Amina Sboui, la Femen qui comparaissait pour outrage et diffamation de fonctionnaire. Elle reste toutefois en détention pour avoir inscrit le mot Femen sur le mur d'un cimetière en mai dernier.
La justice tunisienne a prononcé lundi 29 juillet un non-lieu envers la Femen Amina Sbouï pour des faits d'outrages envers des gardiennes de prison qui auraient maltraité des prisonnières.
"Le tribunal a décidé un non-lieu pour Amina, c'est une victoire, la justice a commencé à comprendre qu'elle est injustement poursuivie", a déclaré son avocat, Ghazi Mrabet.
La jeune femme de 19 ans, détenue depuis deux mois, reste cependant en prison en attendant son éventuelle inculpation pour avoir inscrit le mot Femen sur le mur d'un cimetière à Kairouan (centre), a indiqué son avocat.
Debout cinq heures sous le soleil
Amina comparaissait avec une autre détenue, Rabiaâ, poursuivie pour les mêmes faits. L'audience a débuté peu avant 10 heures GMT au tribunal cantonal de M'saken, à 150 kilomètres au sud de Tunis, à la suite d'une plainte déposée par quatre gardiennes de prison à leur encontre.
Tout a commencé lorsqu'Amina a réagi en voyant sa co-accusée, Rabiaâ, punie en devant rester debout durant cinq heures sous un soleil de plomb pour avoir refusé de saluer les gardiennes. "Je suis jugée parce que j'ai dénoncé la torture et la violence exercées à l'égard des détenues" avait alors déclaré Amina en prenant place sur le banc des accusés.
S'adressant ensuite au juge, elle avait déclaré que "les tortionnaires [devaient] être poursuivis et condamnés", avant de lancer sous les applaudissements de ses sympathisants en quittant la salle d'audience : "la Tunisie est un État civil et ses femmes sont libres". La défense avait demandé l'acquittement et l'annulation des poursuites pour "graves vices de procédure".
Détenue pour "raisons politiques"
La Femen tunisienne, comme elle est souvent désignée, a été arrêtée le 19 mai pour avoir peint le mot "Femen" sur le muret d'un cimetière à Kairouan. Condamnée alors au versement d'une amende pour possession illégale d'aérosol d'autodéfense, elle avait été maintenue en détention le temps que la justice décide d'une éventuelle inculpation pour profanation de sépulture et atteinte aux bonnes mœurs.
L'organisation Human Rights Watch (HRW) a appelé à la libération conditionnelle d'Amina, estimant que la militante, qui avait fait scandale en posant seins nus à la manière des Femen en mars, était détenue pour des "raisons politiques".
Avec dépêches