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Journée de grève générale en Tunisie après le meurtre de Mohamed Brahmi

De nombreux travailleurs et fonctionnaires tunisiens ont débrayé, ce vendredi, afin de protester contre l’assassinat, jeudi, du député d’opposition Mohamed Brahmi. Plusieurs vols en partance et à destination de Tunis ont été annulés.

Comme un air de déjà vu. Pour la deuxième fois en six mois, la Tunisie vit une journée de grève générale pour protester contre l’assassinat d’une figure politique d’opposition. Le principal syndicat du pays, l’UGTT, a appelé tous les travailleurs tunisiens à débrayer, vendredi 26 juillet, au lendemain du meurtre du député de gauche Mohamed Brahmi, abattu devant son domicile de Tunis.

Les rues de la capitale étaient quasiment désertes vendredi à l'heure d'ouverture des administrations. De nombreux cafés sont fermés en raison du ramadan, mais les quelques cafés habituellement ouverts durant le mois de jeûne étaient fermés, les marchés étaient très peu animés et plusieurs commerces avaient baissé leurs rideaux, a constaté l'AFP.

En revanche, le tramway et les taxis assuraient un service minimum ou tournaient à vide à défaut d'usagers ou de clients.

De nombreux vols depuis et vers Tunis annulés

Tous les vols de Tunisair et de sa filiale Tunisair Express ont été annulés vendredi et aucun avion n'a décollé, conformément à l'appel à la grève de l' UGTT, a indiqué à l'AFP une source aéroportaire. Selon cette source, les compagnies Air France, Alitalia et British Airways ont également annulé leurs vols depuis et vers Tunis, les techniciens au sol étant en grève.

En province, la grève était largement suivie à Sidi Bouzid, ville natale de Mohamed Brahmi et point de départ de la révolte qui a renversé le régime de Zine el-Abidine Ben Ali en janvier 2011. Cette ville du centre-ouest du pays est paralysée, à l'exception de quelques points de vente de produits alimentaires, les administrations et les usines ayant largement observé le mot d'ordre, a constaté l'AFP, qui indique que des dizaines de personnes étaient rassemblées devant le siège local de l'UGTT, où des manifestations de colère ont été dipersées par la police jeudi soir, comme à Tunis.

Ennahda pointé du doigt

Cette journée de grève promet également d’être émaillée de manifestations anti-gouvernementales, notamment dans la capitale et dans la région de Sidi Bouzid.

Les familles et les partisans du député assassiné ont en effet accusé les islamistes du parti au pouvoir d’être responsables du crime. Malgré les démentis des chefs d'Ennahda, des manifestations de colère spontanées ont aussitôt éclaté, jeudi, sur la grande avenue Bourguiba, au centre de Tunis, ainsi que dans la région d’origine de Mohamed Brahmi.

Cet homme de 58 ans, très critique envers islamistes, est le deuxième ténor de la gauche tunisienne à tomber sous les balles, après l'assassinat de Chokri Belaïd, le 6 février dernier. Le pouvoir avait alors imputé ce crime à un groupuscule islamiste radical.

Dans une allocution télévisée, le président tunisien, Moncef Marzouki, a parlé d'une "deuxième catastrophe nationale", après la mort de Belaïd. "Les responsables de ce drame veulent montrer que la Tunisie (...) peut basculer elle aussi [dans la violence], ils veulent démontrer que le printemps arabe a échoué", a-t-il déclaré en référence à l'Égypte, où des violences meurtrières ont lieu depuis le renversement par l'armée le 3 juillet du président islamiste.

Le chef du gouvernement, Ali Larayedh, a également appelé les Tunisiens au calme, soulignant que cet assassinat "ne doit pas être exploité pour semer le trouble et inciter les Tunisiens à s'entretuer".

Avec dépêches