
En réalisant le doublé sur le 100 et le 200 m, Mandy François-Elie est devenue la reine des Mondiaux handisport qui se déroulent à Lyon. Cinq ans après avoir été victime d'un AVC, la passion de la Martiniquaise pour l'athlétisme est restée intacte.
C’est un immense sourire qui a illuminé cette semaine les Championnats du monde d’athlétisme handisport organisés à Lyon. Par deux fois, la Française Mandy François-Elie est montée sur la plus haute marche du podium. La sprinteuse hémiplégique a remporté lundi 22 juillet le 200 m (catégorie T37), après avoir battu le record du monde en demi-finale (28''35), puis mercredi 24 juillet le 100 m.
"C’est grâce à mon courage et à ma rage de vaincre", déclarait la championne, âgée de 23 ans, après sa première victoire dans ces Mondiaux.
Le sport comme thérapie
Mandy François-Elie revient en effet de très loin. Adolescente, elle était l’un des grands espoirs de l’athlétisme, avec un record de Martinique, son île natale, établi en 55''23 sur 400 m en 2008. Mais la même année, ses rêves de carrière s’envolent. À la veille de passer son baccalauréat, la jeune fille est victime d’un accident vasculaire cérébrale. Ses parents la retrouveront dans un coma, où elle restera plongée plus de trois semaines.
À son réveil, Mandy François-Elie est hémiplégique. Son bras et sa jambe droite "traînent un peu", comme elle le raconte dans une interview accordée au magazine Les îles caraïbes. Durant plusieurs années, l’ancienne étoile montante de la course suivra une rééducation à l’hôpital Saint-Anne à Paris, puis en Martinique. C’est là-bas qu’en 2011, rattrapée par sa passion, elle décide de prendre une licence handisport.
"Mes médecins m’ont poussée à reprendre le sport. Je me suis entraînée et j’ai vite progressé. C’est grâce à ça que j’ai pu m’accrocher à la vie et remonter la pente peu à peu. Le sport est vraiment tout pour moi, ça a été aussi une très bonne thérapie", explique l’athlète.
Sa soif de s’en sortir est tellement grande que "la miraculée", comme l’appelle ses parents, est repérée par l’équipe de France handisport au printemps 2012. Sélectionnée pour les Championnats d’Europe, elle réussit à décrocher sa qualification pour les Jeux paralympiques de Londres.
Inconnue, pour la plupart de ses adversaires et des spécialistes de la discipline, Mandy crée la sensation. Avec son hibiscus de Martinique dans les cheveux, la pétillante sportive remporte l’or sur le 100 m et signe le record d’Europe en 14''08.
Un an plus tard, la jeune femme confirme son immense talent avec ses deux premiers titres mondiaux. Sur la piste, sa joie est communicative. Elle imite le célèbre geste de la victoire du champion olympique Usain Bolt. Cinq ans après son terrible coup du destin, elle tient sa revanche : "J’ai fait un doublé. C’est magnifique. Toute ma famille est là. Je veux leur faire plaisir et à tout le peuple".