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Le maire de Strasbourg demande des compensations

Roland Ries, le sénateur-maire PS de la ville de Strasbourg, dont deux quartiers ont été sinistrés par des casseurs lors de la manifestation anti-Otan, va demander des compensations à l'Etat. La police avait réalisé 300 interpellations.

AFP - La ville de Strasbourg, dont deux quartiers ont été sinistrés et traumatisés par des casseurs infiltrés dans la manifestation anti-Otan, va demander des explications et des compensations à l'Etat, a annoncé dimanche son maire, le sénateur-maire PS Roland Ries.

"La responsabilité de la sécurité relève de l'Etat" indique M. Ries dans un communiqué. "La Ville de Strasbourg ayant rempli ses engagements, Roland Ries exige du Président de la République que l'Etat s'engage rapidement à réparer les dommages causés à ces deux quartiers".

Le maire s'est fait l'interprète de cette population qui a eu le sentiment d'avoir "été livrée aux casseurs et non protégée", en raison d'une présence policière insuffisante, alors que 9.000 policiers et gendarmes et 1.500 militaires avaient été mobilisés pour le sommet de l'Otan, vendredi et samedi.

"Des femmes m'ont raconté qu'elles avaient elles-mêmes protégé une école des casseurs en faisant une haie, et ils ont reculé", a-t-il indiqué.

Des dégâts très importants, dont l'évaluation est en cours, ont été constatés dans le quartier proche de la frontière allemande, et dans une moindre mesure dans le quartier où le campement des anti-Otan avait été installé.

Un total de 49 personnes ont été blessées légèrement, dont 15 parmi les forces de l'ordre et les pompiers et un journaliste lors de la manifestation de samedi, selon la préfecture qui fait aussi état "de dégâts matériels très importants" dans le quartier où se sont déchaînés les casseurs.

Nicolas Sarkozy a souhaité dimanche sur TF1 que "les casseurs soient punis avec la plus extrême sévérité". "C'est quand même invraisemblable d'aller manifester pour la paix dans le monde (avec) des haches, des barres de fer, et de s'en prendre à des fonctionnaires qui ne font que leur travail", a ajouté le président interviewé en direct de Prague.

"Que les gens manifestent, c'est leur droit. Mais il y a eu à l'intérieur de la manifestation quelques centaines de voyous, de casseurs, allemands, espagnols, français", a souligné M. Sarkozy en défendant le rôle des forces de l'ordre.

Au total, 330 personnes ont été interpellées en marge du sommet de l'Otan, dont 300 dès jeudi qui ont toutes été relâchées, selon la préfecture du Bas-Rhin.

Une trentaine de personnes ont été placées en garde à vue vendredi et samedi et huit seront jugées lundi en comparution immédiate, selon des sources judiciaires et policières. Parmi ces derniers figurent trois Allemands, deux âgés de 24 ans et un de 25 ans.

Il reste que des questions demeurent sans réponse. En particulier le fait que la police, omniprésente ailleurs dans la ville, est restée invisible dans ce quartier proche de la frontière lorsque des casseurs ont incendié un hôtel Ibis, une pharmacie et d'anciens locaux de la douane du Pont de l'Europe.

Les auteurs des violences, des "Black blocks" cagoulés et armés de barres de fer, étaient au nombre de 2.000, selon la préfecture.

Les "Black blocks" sont des groupuscules autonomes ou anarchistes européens.

Un journaliste de l'AFP a vu ces casseurs lancer des pierres contre l'hôtel Ibis vers 13h50 samedi, puis forcer la porte d'entrée du bâtiment et pénétrer à l'intérieur pour ensuite en ressortir du mobilier et y mettre le feu, alors que des véhicules de police se trouvaient à 200 mètres de là.

D'autres journalistes ont constaté qu'entre 2.000 et 3.000 manifestants pacifistes paniqués avaient été pris en souricière par les forces de l'ordre et aspergés de gaz lacrymogènes, mettant en risque de nombreuses vies humaines.

Les Verts, refusant les "amalgames", ont demandé dimanche "une commission d'enquête pour établir les responsabilités" dans les violences commises en marge du sommet de l'Otan.