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Les mutilations sexuelles féminines marquent le pas en Afrique

La proportion de jeunes filles excisées diminue dans plusieurs pays africains, selon une récente étude de l’Unicef. Les enquêteurs soulignent également une montée des critiques contre l'excision dans les pays où la pratique est quasi-généralisée.

Une lueur d’espoir pour les générations futures de femmes africaines menacées d’excision. C’est ce que révèle la dernière étude de l’Unicef, menée sur les 20 dernières années, qui souligne une diminution significative des mutilations génitales chez les fillettes dans plusieurs grands pays africains.

Le rapport publié lundi 22 juillet démontre que la pratique de l’ablation des organes génitaux externes féminins est sur le déclin dans plus de la moitié des 29 pays étudiés. Citant l’exemple de la Tanzanie, l'agence des Nations unies note que "les femmes âgées de 45 à 49 ans sont trois fois plus susceptibles d'avoir été excisées que les filles entre 15 et 19 ans", et au Kenya , pour les mêmes tranches d'âge, les chiffres passent de 49 % à 15 %. La diminution est également marquée dans les régions les plus touchées du Ghana et du Togo, ainsi que dans des pays où la pratique est relativement moins répandue, comme le Libéria, où la pratique a diminué de 85 % à 44 %, le Nigéria ou la République centrafricaine.

L’organisation de défense des droits des enfants des Nations unies trouve même quelques raisons d’espérer dans les pays où la pratique est très répandue  : "D’une manière générale, le soutien apportée aux mutilations génitales féminines et à l’excision est en baisse même dans les pays où la pratique est quasi-généralisée, comme le Soudan (98 %) et l’Égypte (91 %)".

Hommes et femmes unis contre l’excision

Cette érosion du soutien social est fondamentale aux yeux des enquêteurs des Nations-Unies, qui rappellent que les mutilations sexuelles féminines sont d’abord le résultat d’une pression sociale, familiale et éthnique.Vingt-cinq États, sur les 29 étudiés par l'Unicef, interdisent l'excision, mais en vain. La bataille contre l’excision passe donc par l’éducation et la remise en cause des préjugés sur la prétendue ‘pureté’ des femmes excisées et certains rites d’initiation. .

"Le défi consiste maintenant à faire en sorte que les filles et femmes, mais aussi les jeunes garçons et les hommes, s'expriment très clairement pour que cette pratique nuisible soit abandonnée", a expliqué Geeta Rao Gupta, directrice générale adjointe de l'Unicef. L’étude tord en effet le cou à l’idée reçue selon laquelle les hommes seraient "d’ardents défenseurs" de cette pratique.

"En réalité, les hommes et les femmes manifestent une volonté équivalente de mettre un terme à ces pratiques. En Guinée, en Sierra-Leone, et au Tchad, bien plus d’hommes que de femmes souhaitent l’arrêt des mutilations génitales féminines et de l’excision", notent ainsi les auteurs de l’étude.

La mobilisation de l’ensemble de la société contre ces pratiques est d’autant plus urgente car, en dépit de cette évolution positive,  l’Unicef affirme que 30 millions de fillettes pourraient encore être excisées dans les dix prochaines années "si la tendance actuelle se poursuit".