
Les affrontements entre pro et anti-Morsi se sont poursuivis dans la nuit de lundi à mardi devant l’université du Caire, en Égypte. À l'aube, deux personnes ont été tuées lors d'une attaque contre une manifestation en soutien au président déchu.
Près de trois semaines après la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi, la tension ne retombe pas en Égypte. Dans la nuit de lundi 22 à mardi 23 juillet, des heurts ont éclaté entre des habitants et plusieurs centaines de partisans de l'ancien chef d'État lorsque ces derniers se sont rassemblés aux abords de l’université du Caire. Les pierres ont volé et des coups de feu ont été tirés. Deux personnes ont été tuées et 15 autres personnes blessées à l’aube, ce qui porte le nombre de morts à six sur les dernières 24 heures.
Selon Al-Ahram Online, le quotidien gouvernemental, la police a lancé des gaz lacrymogènes pour réprimer les violences. Plusieurs voitures dans le secteur ont été réduites en bouillie ou incendiées.
Les deux camps étaient armés
Lundi, plus de 2 000 manifestants pro-Morsi s'étaient dirigés vers l’ambassade des États-Unis, au centre du Caire, quand un groupe d’une centaine de partisans du président déchu s'approchaient de la place Tahrir.
"C’est la première fois que des pro-Morsi s’aventuraient aux abords de la place Tahrir depuis l’éviction de l’ancien président", relate la correspondante de FRANCE 24 au Caire, Sonia Dridi. "Environ 2 000 personnes se dirigeaient vers l’ambassade américaine. Une centaine d’entre eux se sont approchés de la place. Des affrontements ont alors éclaté entre anti et pro-Morsi. Difficile de dire qui est à l’origine des heurts mais des témoins sur place ont confirmé que des personnes des deux camps étaient armées".
Un homme de 20 ans, blessé par balle lundi aux abords de la place Tahrir, a succombé à ses blessures et vingt-six autres ont été blessées, principalement par des tirs de chevrotine, selon les services d'urgences. La police est intervenue en tirant des grenades lacrymogènes. D’autres affrontements ont éclaté à Qalioub, à la périphérie nord du Caire.
Le compte Twitter des Frères musulmans @ikhwanweb affirme cependant qu’aucun partisan de Mohamed Morsi ne s’est approché de la place Tahrir, réputée tenue par les anti-Morsi.
.@faridamhelmy Completely false, we've nothing to do w #Tahrir clashes, our protests r peaceful, and we don't go anywhere near #Tahrir
— Ikhwanweb (@Ikhwanweb) July 22, 2013Depuis la destitution par l'armée le 3 juillet du président démocratiquement élu, on recense une centaine de morts.
Anniversaire de la révolution de 1952
Par ailleurs, la famille de Mohamed Morsi a dénoncé, lundi, son "enlèvement" et envisage d'engager des poursuites devant les juridictions nationales et internationales contre le chef de l'armée le général Abdel Fattah Al-Sissi. "Nous tenons le chef du coup d'État et son groupe pour pleinement responsables de la santé et de l'intégrité du président Morsi", a déclaré Chaïmaa Morsi, sans toutefois dévoiler si la famille avait noué des contacts avec Mohamed Morsi, aux mains de l'armée depuis sa destitution le 3 juillet.
Dans le même temps, le président intérimaire Adly Mansour appelait à la réconciliation nationale. Son discours s’inscrivait dans la journée anniversaire de la révolution égyptienne de 1952, auquel Adly Mansour a rapproché la situation actuelle. "Nous avons eu la grande révolution du 25 janvier [2011], et celle du 30 juin [2013]. Il est temps à présent de s’unir, de se réconcilier, et de construire une nation sans revanche et sans haine."
"Alors que le pays est divisé au niveau politique, dans la rue, et sur les réseaux sociaux, le président intérimaire a appelé à la réconciliation, mais aucun des deux camps ne fait vraiment d’effort dans ce sens", commente la correspondante de FRANCE 24 Sonia Dridi.