
Thein Sein, le président birman, a affirmé lors d’un entretien exclusif accordé à FRANCE 24 que les violences communautaires étaient sous contrôle en Birmanie. Selon lui, ceux qui dénoncent un nettoyage ethnique veulent uniquement dénigrer son pouvoir.
Lors d’un entretien exclusif accordé à FRANCE 24, le président birman Thein Sein a nié les informations selon lesquelles les violences communautaires entre bouddhistes et musulmans en Birmanie s’étaient envenimées ces derniers mois au point de représenter un "nettoyage ethnique".
"Ce sont des informations fabriquées de toute pièce, il s’agit d’une opération de dénigrement menée contre le gouvernement," a martelé le chef d’État, premier président birman à se rendre en France. "Contrairement à ce qui est dit, le gouvernement a été en mesure de contenir ces violences et la situation est revenue à la normale dans le pays."
Les organisations de défense des droits de l’Homme dénoncent vivement les répressions exercées contre les musulmans en Birmanie, et notamment contre la minorité apatride des Rohingyas, une communauté considérée comme la plus persécutée au monde. Le Parlement européen a appelé le 13 juin à la fin des "persécutions" contre ces musulmans, citant des arrestations, emprisonnements arbitraires, actes de torture, viols, destruction des propriétés ou des lieux de culte.
"Moins de 100 prisonniers politiques en Birmanie"
Interrogé sur les libérations de prisonniers politiques, annoncées lundi 15 juillet lors d’une visite à Londres, Thein Sein a affirmé que, depuis son élection en 2011, des milliers de détenus avaient recouvré la liberté. "Je pense qu’il reste actuellement moins de 100 prisonniers politiques détenus dans le pays. S’ils le sont en raison de leur croyance ou de leur position politique, alors ils seront libérés," a-t-il promis.
Une position qui illustre la transition vers la démocratie que Thein Sein entend incarner. Le président a d’ailleurs engagé des réformes depuis son arrivée au pouvoir. Mais, pour la communauté internationale, ces réformes pourraient être freinées par les militaires, présents au sein du Parlement birman. Une crainte à laquelle Thein Sein a réagi en assurant que l’armée ne représentait aucune menace. "Les militaires obéissent aux ordres. Ils ne résistent à aucun changement dû au processus démocratique," a affirmé celui qui a lui-même été un haut membre de l’armée dans le passé. La junte militaire, au pouvoir en Birmanie pendant plus de 20 ans, a officiellement laissé la place en 2011 à un pouvoir civil, à l’issue d’une élection truquée selon la communauté internationale.
Quant à la future élection présidentielle qui doit avoir lieu en 2015, le président a enfin indiqué qu’il n’avait rien à dire sur la potentielle candidature du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, libérée des gêoles birmanes en 2010. Thein Sein assure par ailleurs ne pas s’être personnellement préparé à cette échéance électorale.