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Le Royaume-Uni vend, pour une "somme gigantesque", des équipements militaires à pratiquement tous les pays figurant sur sa liste des États sensibles, comme la Syrie et l'Iran, d'après le rapport d'une commission parlementaire.
Le rapport d'une commission parlementaire publié mercredi 17 juillet révèle que le gouvernement britannique vend des équipements militaires à pratiquement tous les pays figurant sur sa propre liste des régimes sensibles, dont la Syrie et l'Iran.
Selon les informations fournies par la commission, le Royaume-Uni a délivré, ou renouvelé, 3 000 licences d'exportation pour un montant global de 12,3 milliards de livres, soit 14,1 milliards d'euros. "Une somme gigantesque", estime l'ancien ministre de la Défense et président de la commission parlementaire, John Stanley, qui pensait que "quelqu'un avait ajouté des zéros".
Sur les 27 pays à caractère sensible sur le plan des droits de l'Homme figurant sur la liste du gouvernement britannique, seulement deux, la Corée du Nord et le Soudan du Sud, n'ont pas de contrat avec Londres.
L’armée de Bachar al-Assad ravitaillé
L'Iran a signé 62 contrats, essentiellement pour du matériel cryptographique (servant à assurer la protection des messages), alors que la Russie a contracté 27 licences pour de l'équipement biotechnologique, des fusils à lunette, de l'armement laser et des drones. À noter que ces deux pays fournissent des armes au régime du président syrien Bachar al-Assad.
Le gouvernement britannique lui-même accorde trois licences à la Syrie, portant sur des véhicules tout terrain et des pièces de sonars, alors qu'il a annoncé, mardi, la prochaine livraison de matériel de protection contre les armes chimiques à l'opposition syrienne.
Plus surprenant, 57 licences ont été accordées à l'Argentine, un pays contre lequel le Royaume-Uni a livré une guerre-éclair ayant pour enjeu l'archipel des Malouines, en 1982.
Londres se défend
Si le gouvernement assure que les 3 000 licences d'exportation ne comportent pas d'équipement "de nature à être utilisé pour faciliter la répression interne" ou "provoquer ou prolonger des conflits régionaux ou internationaux", John Stanley a tout de même demandé un "comportement plus prudent au moment d'accorder des licences à des régimes autoritaires".
Le gouvernement contrevient "à sa politique de ne pas vendre d'armes à quiconque susceptible de constituer une menace pour les droits de l'Homme", a pour sa part estimé Oliver Sprague d'Amnesty International.
La Chine est le pays qui bénéficie du plus grand nombre de licences avec le gouvernement britannique (1 163 pour 1,8 milliard de livres).
Israël est le plus important contributeur, payant à lui seul 7,7 % des 12,3 milliards de livres de la facture totale, essentiellement pour du matériel cryptographique à usage militaire et civil.
Avec dépêches