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La journée de récupération, mode d’emploi

, envoyé spécial à Saint-Nazaire – Après une semaine de course intense entre Corse et Pyrénées, les coureurs du Tour de France ont bénéficié, ce lundi, d’une journée de récupération avant d’aborder les prochaines difficultés. Un moment primordial mais loin d’être de tout repos.

Sitôt l’arrivée de la 9e étape franchie à Bagnières-de-Bigorre, les coureurs du 100e Tour de France ont pris l’avion, direction Saint-Nazaire en Loire-Atlantique pour une journée de repos bien méritée.

À 650 kilomètres du pied du pic du Midi, le peloton fait escale sur la Côte d’Amour avant d’entamer une deuxième semaine de course, qui mènera les coureurs de la Bretagne au mont Ventoux.

Avant cela, place donc à la journée de récupération, primordiale pour les coureurs, comme l’explique dans un entretien à FRANCE 24 le docteur Gérard Guillaume, médecin de l’équipe FDJ.fr.

FRANCE 24 : Une journée de repos est-elle toujours un moment important de la course ?

Gérard Guillaume : La journée de repos est la bienvenue car, comme tous les ans, la première semaine est difficile. On a eu également de grosses chaleurs, les organismes ont donc été mis à rude épreuve. Les coureurs transpirent énormément, plus que les autres années car la transition a été abrupte entre les chaleurs actuelles et le mauvais temps de ces derniers mois. Donc ça fatigue, ça épuise.

F24 : Comment se déroule une journée de récupération pour les coureurs ?

G. G. : Chacun la vit à sa manière. Tous vont rouler car ce n’est jamais totalement bon de casser le rythme. Ils vont se lever plus tard que d’habitude, ils doivent veiller à ne pas être victime du "grignotage". Il faut manger moins car ils vont moins se dépenser. Si on fait des écarts, on a les "pattes" lourdes et on le paye immédiatement.

Ils vont faire de la cryothérapie [traitement par le froid favorisant la récupération, NDLR] deux fois par jour, comme d’habitude. On utilise aussi de la physiothérapie. On fait des ondes magnétiques, on fait de la luminothérapie. Et puis il y a leurs familles qui viennent les voir donc c’est un moment de détente plus qu’autre chose. Ils ont besoin de détente physique, mais aussi morale et psychologique. Chacun fait cela à sa façon.

F24 : Au niveau des dépenses énergétiques, combien de calories brûlent les coureurs lors d’une étape ? Et en termes de consommation d’eau ?

G. G. : En 2004, épaulé par le service diététique de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, j’avais fait une enquête et on avait évalué l'énergie que les coureurs brûlaient tous les jours. Au final, cela variait de 4 500 Kcal pour une étape normale à 8 000 Kcal pour une étape de montagne [un individu normal dépense en moyenne 1500 calories par jour, NDLR].

Les coureurs boivent beaucoup. Au minimum sur une étape de montagne, ils boivent entre 12 et 15 bidons par étape (environ huit litres). C’est énormément de boulot pour les porteurs d’eau qui viennent à la voiture chercher les bidons et ensuite remontent dans le peloton. C’est un travail méconnu, mais indispensable.

F24 : Comment se déroule, d’un point de vue de la récupération, une arrivée d’étape pour les coureurs ?

G. G. : La première des choses, c’est d’aller au bus rapidement. Il ne faut pas traîner, ne pas rester debout. Sur trois semaines, tous les détails comptent.

Quand ils arrivent, ils ont des boissons de récupération immédiate. Il faut refaire le plein de glycogène [glucose, NDRL] tout de suite. Ensuite, il y a tout un programme de réhydratation avec une alimentation semi-liquide, semi-solide. On évite l'absorption des solides trop vite, pour ne pas surcharger l’estomac.

Après ils se douchent très rapidement dans le bus. Dès qu’ils arrivent à l’hôtel, ils vont faire de la cryothérapie avant de passer entre les mains du kinésithérapeute. Leur travail est facilité par la décontraction que la "cryo" apporte.

Ensuite on utilise des ondes électromagnétiques pulsées, on fait de la luminothérapie… Le repas arrive vers 20 heures et c’est "pasta party" ! Il vaut mieux les avoir en photos qu’à table car ça dévore, un coureur ! Ensuite, on fait en sorte qu’ils ne se couchent pas trop tard.

Vous savez, les coureurs sont rodés. C’est une vie assez monotone, assez monolithique dans son déroulement. D’ailleurs, ils n’aiment pas trop les innovations à ce niveau-là et surtout pas sur le Tour.