Les récentes révélations de Snowden sur l'espionnage d'institutions européennes par la NSA ont été condamnées par les responsables politiques français. Certains vont jusqu'à demander au chef de l'État d'accorder l'asile à l'ex-consultant.
François Hollande a affirmé lundi à propos des soupçons d'espionnage américain visant l'UE que la France ne pouvait "pas accepter ce type de comportement" et il a demandé que "cela cesse immédiatement".
"Nous ne pouvons pas accepter ce type de comportement entre partenaires et alliés", a déclaré M. Hollande en marge d'une visite à Lorient. "Nous demandons que cela cesse immédiatement", a-t-il ajouté, jugeant également que "les éléments sont déjà suffisamment réunis pour que nous demandions des explications". (AFP)
Après des dernières révélations du "Spiegel" et du "Guardian" sur l'espionnage électronique de l'Union européenne par l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA), les appels à accorder l’asile politique à Edward Snowden dans l’Hexagone se multiplient chez les responsables politiques français de tous bords.
Mélenchon et Le Pen sur le même front
C’est le co-président du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui a lancé l’idée le premier. "Je demande que la France accorde l'asile politique à Edward Snowden, bienfaiteur de l'Europe qui a permis de démasquer ce complot", a indiqué dimanche 30 juin le fondateur du Front de gauche dans un communiqué. Le leader anticapitaliste réclame, en outre, "l'arrêt immédiat des négociations" commerciales entre l'Union européenne et les États-Unis.
"Si on n'accorde pas l'asile politique à M. Snowden, à qui exactement est-ce qu'on va l'accorder ?" a surenchéri Marine Le Pen, au diapason avec le chef du Front de gauche . La présidente du Front national a, elle aussi, dénoncé lundi matin sur LCI, une "politique de soumission totale" de l'Europe vis-à-vis de Washington. La dirigeante d'extrême droite, qui a indiqué ne pas être surprise par les agissements de la NSA, a appelé les peuples européens à "retrouver leur liberté". "Il faut que nous retrouvions notre autonomie en matière de défense. Nous ne pouvons pas être ainsi les caniches des États-Unis, surveillés, tenus en laisse", a-t-elle poursuivi.
"Diktat américain"
Le parti Europe Écologie-Les Verts (EELV), qui participe au gouvernement de François Hollande et Jean-Marc Ayrault, n’a pas non plus tardé à réagir. Dans un communiqué publié dans la nuit de dimanche à lundi, EELV a appelé solennellement le président de la République et son gouvernement à accorder l'asile politique, sans délai, "à un homme, qui non seulement a eu le courage de révéler l'existence d'une surveillance illicite mais a
La ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq a estimé lundi qu'il fallait rapidement "rétablir la confiance" entre les États-Unis et l'Europe, soulignant que si elle était "rompue" après les informations faisant état d'espionnage, il serait "difficile" de mener les négociations de libre-échange prévues.
"Le 8 juillet devaient être lancées les négociations concernant le partenariat transatlantique commercial entre les États-Unis et l'Europe. C'est un sujet très important", a-t-elle ajouté. (AFP)
permis d'en connaître l'ampleur", peut-on lire dans le communiqué.
Selon le parti écologiste français, accorder l’asile politique à l’informaticien européen est une façon de rappeler que Paris "refuse clairement le diktat américain sur la protection des données et les violations manifestes des libertés publiques fondamentales au nom de sa lutte contre le risque terroriste".
" Un acte d'hostilité inqualifiable"
Des dirigeants du Parti socialiste français ont condamné à l’unisson l'espionnage des institutions européennes par un pays censé être un allié.
S'il s'avérait que Washington a effectivement espionné les institutions de l'Union européenne, "il y aurait là un acte d'hostilité inqualifiable", a pour sa part déclaré la ministre de la Justice, Christiane Taubira, sur BFM-TV.
Si aucun membre du parti présidentiel n’est allé jusqu'à demander l’asile politique de l’Américain en fuite, certains dirigeants du PS, à l’instar du député socialiste Jean-Christophe Cambadélis, ont cependant demandé une suspension des négociations commerciales entre les États-Unis et l'UE sur un traité transatlantique de libre-échange.
Le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, s’est contenté d’affirmer que "des garanties sur les données personnelles sont un préalable à la conclusion d'un accord". Et de conclure, "s'il était confirmé que les États-Unis ont espionné des institutions de l'UE, peut-être même le Parlement européen, ce serait totalement inacceptable", a-t-il souligné sur Radio J.
Avec dépêches