Avec plus de 73 % des voix, l'ancienne présidente chilienne a très largement remporté les primaires de la gauche en vue de la présidentielle, prévue le 17 novembre, qu'elle abordera en favorite face à l'ultra-conservateur Pablo Longueira.
L'ex-présidente socialiste Michelle Bachelet a remporté dimanche une victoire écrasante aux élections primaires en vue de la présidentielle de novembre, tandis que l'ultra-conservateur Pablo Longueira remporte d'une courte tête le vote du camp gouvernemental.
Selon les derniers chiffres officiels portant sur le décompte de 92 % des voix, Michelle Bachelet, 61 ans, s'est imposée avec 73,76 % des voix de la coalition de gauche regroupant notamment socialistes, démocrates-chrétiens, sociaux-démocrates et radicaux.
À droite, l'ex-ministre de l'économie Pablo Longueira, 54 ans, obtient 50,66 % des voix du camp gouvernemental, contre son adversaire l'ex-ministre de la défense, Andrés Allamand, qui a obtenu 49,33 % des suffrages.
Longueira, ancien ministre de l'Économie et proche de l'ex-dictateur défunt Augusto Pinochet, est entré dans la course il y a seulement deux mois, après le retrait de la candidature de l'ex-ministre des Mines Laurence Golborne en raison de son rôle en tant que gérant dans une entreprise de distribution condamnée pour avoir abusé les consommateurs.
Suspense limité
La droite ne semble pas en mesure cependant d'empêcher Michelle Bachelet de retrouver le fauteuil présidentiel qu'elle a déjà occupé de 2006 à 2010. Sa victoire haut la main ainsi qu'un taux de participation plus élevé que prévu augmentent les chances de l'ancienne présidente de remporter au premier tour l'élection présidentielle du 17 novembre, ce qui ne s'est pas produit au Chili depuis plus de 20 ans, selon les analystes.
"Nous continuerons de nous battre jusqu'au 17 novembre (NDLR, date du premier tour) pour retourner à la Moneda en 2014", a-t-elle lancé à ses partisans.
L'ancienne présidente du Chili bénéficie de 75 % d'opinions favorables dans l'opinion, contre seulement 21 % pour Longueira, selon le dernier sondage du genre réalisé entre novembre et décembre derniers.
La mobilisation dans ces deux primaires parallèles parle aussi pour elle : alors qu'elle a obtenu plus de 1,5 million de voix dimanche, Pablo Longueira, lui, n'a réuni que 413 000 voix et Andres Allamand 391 000, selon des chiffres encore provisoires.
"La grande gagnante ce soir, c'est Bachelet, et les grands perdants sont Allamand et Longueira, car elle a obtenu deux fois plus de voix qu'eux", analyse Patricio Navia, qui enseigne à la New York University et l'Universidad Diego Portales.
"L'élection de novembre ne concernera que la deuxième place, et pas la première qui est acquise à Bachelet, et si elle n'est pas élue dès le premier tour, elle remportera le second", ajoute-t-elle.
S'attaquer aux inégalités et réformer la Constitution
Michelle Bachelet, qui a travaillé à l'ONU sur l'égalité hommes-femmes après avoir quitté la présidence chilienne, a notamment promis de s'attaquer aux profondes inégalités économiques du pays en augmentant les impôts sur les sociétés pour financer la gratuité des études universitaires.
Premier exportateur mondial de cuivre, le Chili est en effet classé comme le plus inégalitaire des 34 pays de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE).
Michelle Bachelet prône en outre la rédaction d'une nouvelle Constitution en remplacement de l'actuelle, qui date de l'ère Pinochet.
L'ancienne présidente avait développé les programmes sociaux pendant son premier mandat, sans pour autant remettre en cause l'économie de marché. Elle semble aujourd'hui ancrée un peu plus à gauche et certaines de ses propositions, comme la légalisation du mariage homosexuel et de l'avortement dans certaines situations, représenteraient une vraie rupture avec la culture conservatrice du Chili.
Il s'agissait de la première élection au Chili depuis la modification de la loi électorale qui a abouti à l'inscription sur les listes de plus de cinq millions de nouveaux électeurs, majoritairement des jeunes de moins de 35 ans.
Les primaires ont été instaurées à l'initiative du gouvernement de centre-droit de Sebastian Piñera dans le but de "démocratiser" le système politique chilien, peu représentatif, qui a consolidé le bipartisme, basé sur le système électoral en vigueur dans les années de dictature au Chili (1973-1990}.
Avec dépêches