
À deux jours des primaires de la présidentielle du 17 novembre, le mouvement des étudiants chiliens se durcit. Ils manifestent depuis deux ans de façon épisodique pour réclamer une éducation gratuite et de qualité.
Barrages routiers, barricades incendiées, embouteillages monstres, heurts avec la police... Les étudiants chiliens ont intensifié leur mouvement ces dernières semaines en multipliant les manifestations et en occupant notamment des établissements scolaires et universitaires.
Dernière en date, mercredi 26 juin. Des dizaines de milliers de jeunes ont défilé à Santiago ainsi qu'à Concepcion, dans le sud du Chili, pendant que d'autres occupaient des lycées et des universités de la capitale. Dès les premières heures de la journée, ils ont érigé des barricades autour des établissements, provoquant d'énormes embouteillages dans les rues de la capitale de six millions d'habitants à une heure de pointe.
Les incidents les plus graves se sont produits près de l'Université du Chili, où des manifestants encagoulés ont affronté les forces de l'ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de lances à eau. Des manifestants ont par ailleurs attaqué des commerces de la ville, détruit du mobilier public et lancé des centaines de cocktails molotov.
Les étudiants délogés avant le vote des primaires
La police chilienne a dû intervenir, jeudi 27 juin, pour expulser des étudiants d'une vingtaine d'écoles de Santiago qu'ils occupaient depuis des semaines et qui serviront de bureau de vote dimanche pour les primaires de la présidentielle du 17 novembre. Le gouvernement a en effet estimé que l'occupation des écoles constitue une entrave à la démocratie et pourrait dissuader des électeurs de se rendre aux urnes.
Une centaine de personnes ont également été interpellées à l'issue de la marche, mercredi, selon les chiffres officiels du bureau du gouverneur de Santiago. Le ministre de l'Intérieur Andrés Chadwick a déploré, lors d'une conférence de presse, les incidents, estimant qu'ils ne "s'agit pas d'étudiants mais de délinquants extrémistes et violents qui agissent de façon organisée". Pour sa part, la porte-parole des lycéens Isabel Salgado a exigé la démission de la ministre de l'Éducation Carolina Schmidt, actuellement en vacances en Italie. "Nous sommes maintenant mobilisés depuis des années sans aucune réponse" du gouvernement, a déclaré Mlle Salgado.
Bachelet promet une "éducation gratuite"
Il s'agit de la sixième marche depuis le début de l'année pour protester contre le système éducatif hérité de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990). Depuis 2011, les étudiants chiliens ont organisé près d'une centaine de manifestations pour demander au gouvernement de Sebastian Piñera - premier président de droite depuis la fin de la dictature en 1990 - une réforme du système éducatif, cher et inefficace, selon eux.
Favorite pour les primaires de la coalition de centre gauche, ainsi que pour la présidentielle de novembre, l'ancienne présidente de centre gauche Michelle Bachelet (2006-2010) a promis de travailler à la mise en place d'une éducation gratuite dans son pays, classé au dernier rang des 34 pays membres de l'OCDE (0rganisation de coopération et de développement économiques) en termes d'inégalités.