
Les drapeaux algérien et français lors de la dernière visite officielle d'Emmanuel Macron en Algérie, le 25 août 2022. © Ludovic Marin, AFP archives
Au lendemain de l'appel d'Emmanuel Macron de Paris à "plus de fermeté" avec Alger, l'Algérie a répondu en accusant jeudi 7 août la France de s'exonérer "de ses responsabilités" dans la crise bilatérale. Elle a aussi annoncé la dénonciation de l'accord sur l'exemption des visas au profit des titulaires de passeports diplomatiques et de service, dont Paris a annoncé la suspension mercredi.
La lettre où le président français a fait cette annonce "exonère la France de l'intégralité de ses responsabilités et fait porter tous les torts à la partie algérienne. Rien n'est plus loin de la vérité et de la réalité", selon le ministère algérien des Affaires étrangères.
Les relations entre Paris et Alger traversent depuis l'été 2024 une crise sans précédent après la reconnaissance par la France d'un plan d'autonomie "sous souveraineté marocaine" pour le Sahara occidental, territoire que se disputent depuis 50 ans le Maroc et les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger.
Dans une lettre mercredi à son Premier ministre François Bayrou, Emmanuel Macron a prôné "plus de fermeté" à l'égard de l'Algérie, en dénonçant son inflexibilité sur la question migratoire et la détention de deux ressortissants français que Paris juge arbitraire.
La France a "procédé par injonctions, ultimatums et sommations"
Concernant l'accord d'exemption de visas, Alger a indiqué que "c'est la France, elle seule, qui a été à l'origine d'une telle demande. En décidant la suspension de cet accord, la France offre à l'Algérie l'opportunité d'annoncer la dénonciation pure et simple de ce même accord".
Pour Alger, dès l'éclatement de la crise avec la France, après le revirement sur le Sahara occidental, la France a "procédé par injonctions, ultimatums et sommations".
Dans sa lettre, Emmanuel Macron demande aussi à son gouvernement d'utiliser le levier "visa-réadmission" qui permet de suspendre la délivrance de visas de long séjour aux citoyens d'un pays dont les autorités coopèrent "insuffisamment" pour réadmettre leurs ressortissants en situation irrégulière.

Emmanuel Macron a notamment motivé le tour de vis envers Alger par la situation de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison ferme notamment pour "atteinte à l'unité nationale", et du journaliste français Christophe Gleizes, condamné à sept ans de prison en Algérie pour "apologie du terrorisme".
Le président français a néanmoins assuré que son "objectif reste de retrouver des relations efficaces et ambitieuses avec l'Algérie". Jeudi, François Bayrou a déclaré que la France "n'est pas dans l'esprit d'un affrontement perpétuel" avec Alger et espère "retrouver un jour des relations équilibrées et justes".
Avec AFP