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La Syrie boycotte les pourparlers de Paris avec les Kurdes et exige une réunion à Damas
Les autorités syriennes ont affirmé qu'elles ne se déplaceraient pas à Paris pour assister aux pourparlers sur l'intégration de l'administration kurde semi-autonome de Syrie au sein de l'État. Leur volonté est que les discussions futures aient lieu à Damas, "seul lieu légitime et national pour un dialogue entre Syriens".
Mazloum Abdi (C), commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), à la conférence pan-kurde « Unité et consensus » à Qamishli, dans le nord-est de la Syrie, le 26 avril 2025. © Delil Souleiman, AFP

Un responsable syrien a déclaré, samedi 9 août, que le pouvoir en place ne participerait pas aux pourparlers prévus à Paris sur l'intégration de l'administration kurde semi-autonome de Syrie au sein de l'État, exigeant que toute négociation future se tienne à Damas.

Cette décision fait suite à une conférence organisée par l'administration kurde, qui contrôle de vastes zones du nord et du nord-est de la Syrie, avec la participation de plusieurs communautés minoritaires syriennes. Une première depuis la destitution de l'ex-président Bachar al-Assad par une coalition islamiste en décembre. 

Parmi les participants figurait le commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS), Mazloum Abdi, signataire le 10 mars d'un accord avec le président par intérim Ahmed al-Charaa, prévoyant l'intégration des institutions civiles et militaires kurdes à l'État. 

"Damas, seul lieu légitime"

La déclaration finale plaide pour "une Constitution démocratique établissant un État décentralisé", alors que Damas rejette tout projet de décentralisation. 

"Cette conférence a porté un coup aux efforts de négociation en cours. En conséquence, (le gouvernement) ne participera à aucune réunion prévue à Paris", a indiqué un responsable syrien cité par l'agence officielle Sana. 

Le gouvernement "invite les médiateurs internationaux à transférer toutes les négociations à Damas, seul lieu légitime et national pour un dialogue entre Syriens", a ajouté ce responsable sous couvert d'anonymat.

Fin juillet, la Syrie, la France et les États-Unis avaient pourtant annoncé un accord pour organiser à Paris, "dans les plus brefs délais", des discussions sur l'application de l'accord du 10 mars. 

Négociations au point mort

Les récents affrontements intercommunautaires dans la province à majorité druze de Soueïda (sud de la Syrie) et les massacres commis en mars contre la communauté alaouite, dont est issu l'ex-président, ont renforcé les inquiétudes kurdes, alors que les négociations avec Damas sont au point mort. 

Lors de la conférence fin juillet ont eu lieu des interventions vidéo de deux figures religieuses influentes : le chef spirituel druze Hikmat al-Hijri et le dignitaire alaouite Ghazal Ghazal. Damas a critiqué le chef Hijri pour ses appels à une protection internationale des druzes et sa demande d'aide à Israël lors des violences de juillet.  

Le gouvernement ne "siégera pas à la table des négociations avec toute partie cherchant à restaurer l'ère de l'ancien régime", a mis en avant le responsable syrien, dénonçant la présence de "figures séparatistes impliquées dans des actes hostiles". 

Selon lui, la conférence de vendredi constituera "une tentative d'internationaliser les affaires syriennes" et d'encourager l'ingérence.

Avec l'AFP.