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Le fondateur de Wikipédia sur les cyber-traces d'Edward Snowden

Jimmy Wales, le fondateur de Wikipédia, aimerait bien savoir si l'ex-consultant de la CIA à l’origine du scandale Prism était actif sur son site. Edward Snowden semble, en effet, avoir eu une vie numérique très remplie.

Le jeu du chat et de la souris entre les autorités américaines et Edward Snowden donne des idées à certains. Jimmy Wales, le fondateur de l’encyclopédie en ligne, s’est mis en tête que l'ancien consultant de la CIA, qui a révélé les pratiques d’espionnage à grande échelle de la NSA, avait contribué à son site

“Il me semble très probable vu son profil (à l’aise avec les nouvelles technologies, cyber-activiste) qu’il participait à Wikipédia. A-t-on des preuves ou des soupçons à ce sujet ?”, écrit, mardi 25 juin, Jimmy Wales lançant un appel sur sa page de discussion.

Snowden derrière “TrueHOOHA”

Sincère ou intéressé par un coup du pub sur le dos d'une affaire qui défraie la chronique, Jimmy Wales s'inspire, dans tous les cas, de l'activisme passé sur certains forums du plus célébre des fugitifs.

Edward Snowden, qui a fourni au "Guardian" et au "Washington Post" les documents révélant le programme de surveillance téléphonique et électronique de la NSA, a, durant 10 ans, été très actif sur différents forums du site américain spécialisé dans les nouvelles technologies Ars Technica. Des armes à feu aux jeux vidéo en passant par sa vie professionnelle, celui qui se faisait alors appeler “TrueHOOHA” a posté plus de 750 messages entre 2001 et 2012, affirment l’agence de presse Reuters et le site Ars Technica.

Que “TrueHOOHA” et Edward Snowden ne soient qu’une seule et même personne ne fait guère de doute. Même âge, même parcours professionnel et mêmes déplacements à l’étranger : “des signes qui prouvent qu’il était un avide lecteur et contributeur du site”, assure Ars Technica. Dans son premier message, qui remonte à décembre 2001, celui qui n’avait alors que 17 ans demande conseil pour héberger son propre site.

Xbox 360 et surveillance de la NSA même combat ?

Depuis lors, ce féru d’informatique avait gagné en confiance et se montrait de plus en plus prolifique sur sa vie, son œuvre. À plusieurs reprises, Edward Snowden a même pris la plume pour dénoncer les dangers de la technologie pour les libertés individuelles. À propos d’une discussion sur l’amélioration des systèmes d’écoutes proposée par l’entreprise informatique Cisco, il écrivait en 2010 : “Je m’inquiète du manque d’intérêt au sujet des dangers de ce genre de programmes conçus par des grands groupes". Quatre ans plus tôt, dans un message qui trouve aujourd’hui une résonance particulière, Snowden qualifie la console de jeux vidéo Xbox 360 “d’équivalent du nouveau programme de surveillance de la NSA”...

Mais la plupart des contributions de l’ex-consultant n’ont rien à voir avec la cyber-surveillance. En réalité, son activité sur les forums d’Ars Technica révèle surtout ses centres d’intérêt. “TrueHOOHA” se montre également passionné de jeux vidéo et se prononce même en faveur du piratage car il veut “punir les grands groupes pour leur promotion de l’hyper-materialisme”. Amateur d'armes à feu, il déclare, en 2006 sa flamme à son pistolet, un Walther P22 qu’il “aime à mourir”.

Il aime aussi donner des conseils de carrière à ceux qui voudraient travailler comme lui pour le gouvernement américain. Ainsi, en 2006, il assure que “si vous supportez de vivre dans des trous pourris, le département d’État [ministre des Affaires étrangères, NDLR] offre des bonnes opportunités de carrière”.

Règle d'or de Wikipédia

Pour l'heure, Jimmy Wales n'a pas trouvé de pistes sur l'éventuelle présence d'Edward Snowden sur Wikipédia. La seule chose qu'il a récoltée, c'est une volée de critiques de la part d'autres contributeurs à l'encyclopédie collaborative. Le respect de l’anonymat des contributeurs est, en effet, l’une des règles d’or de l’encyclopédie collaborative. “Pour des raisons de simple curiosité, des spéculations sur les comptes qui appartiendraient à des personnalités célèbres n’ont pas de raison d’être sur Wikipédia”, s’est insurgée, mercredi 26 juin, “Fram”, le pseudo de l’administratrice de la version belge de l’encyclopédie en ligne. D’autres se sont également inquiétés de la liberté que le fondateur de Wikipédia semblait prendre avec le code de conduite en vigueur sur le site.

La couverture médiatique de l’affaire Snowden est-elle montée à la tête de Jimmy Wales ? Il se défend de vouloir exposer au monde les éventuelles interventions du plus célèbre fugitif sur son site et affirme “avoir seulement voulu savoir s’il y avait déjà eu des discussions sur d’éventuels comptes qui lui appartiendraient”.