L’ambassadeur de Turquie à Berlin a été convoqué après une déclaration musclée d’Ankara qui met en garde Angela Merkel au sujet des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE. De quoi attiser des relations déjà tendues entre les deux pays.
Le ton monte entre Berlin et Ankara. Le ministère des Affaires étrangères allemand a convoqué l'ambassadeur turc ce vendredi 21 juin en milieu de journée. L'objet de la discorde : Le ministre turc des Affaires européennes, Egemen Bagis, a mis en garde Angela Merkel contre toute tentation de faire de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne un enjeu de politique intérieure allemande.
"Si Madame Merkel se cherche du matériel destiné à la politique intérieure pour ses élections, ce matériel ne doit pas être la Turquie", a déclaré, jeudi 20 juin devant la presse, le chef de la diplomatie turque en référence aux élections législatives prévues le 22 septembre en Allemagne. "Elle doit savoir que ceux qui s'occupent de la Turquie finissent mal. Regardez ce qui est arrivé à (Nicolas) Sarkozy [hostile à l'entrée de la Turquie dans l'UE, ndlr]", a ajouté le ministre turc en faisant allusion à la défaite du candidat à la présidentielle de 2012.
Des mots "inacceptables", estime le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Andreas Peschke. Ce dernier a précisé que l'ambassadeur turc ne serait pas reçu par le ministre lui-même, Guido Westerwelle étant en déplacement à Kiev. Côté turc, le ministère des Affaires étrangères a réagi en demandant également des "explications" à l'ambassadeur d'Allemagne à Ankara.
"Les évènements en Turquie ont ravivé le débat sur l'adhésion du pays à l'UE"
Les relations se corsent entre Ankara et Berlin depuis le début de la semaine, connfirme Anne Mailliet, correspondante de FRANCE 24 en Allemagne. Lundi 17 juin, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision allemande RTL, la chancelière allemande s'était dit "épouvantée" par la répression policière lors des manifestations anti-Erdogan à Istanbul. Cepedant, Angela Merkel avait refusé de répondre à une éventuelle influence des événements actuels en Turquie sur le processus d'adhésion d'Ankara à l'Union européenne.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Andreas Peschke, a toutefois assuré qu'il n'existait "aucun lien" entre la condamnation des évènements en Turquie et les discussions avec l'Union européenne.
Si Angela Merkel a toujours affirmé son scepticisme concernant l'aboutissement des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE, la population allemande reste divisée sur la question. "Les évènements récents en Turquie ont ravivé le débat", rapporte Anne Mailliet, "car certains estiment que les négociations sur l'adhésion peuvent être un moyen de pression sur Ankara pour écouter les manifestants, qui réclament plus de démocratie".
(Avec dépêches)