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Polémique sur l'extension de Roland-Garros : "Il n’y a pas de plan B"

, à Roland-Garros – Le tournoi de Roland-Garros est engagé dans une bataille juridique pour mener à bien son projet d’extension qui doit permettre au Grand Chelem parisien de rivaliser avec ses concurrents. Entretien avec le directeur du tournoi, Gilbert Ysern.

Le prestige du tournoi de Roland-Garros est au beau fixe, à l’inverse du temps sur la capitale française. Mais avec plus de 430 000 spectateurs accueillis l’an dernier, les Internationaux de France apparaissent de plus en plus à l’étroit sur le site de la Porte d’Auteuil, dans XVIe arrondissement de Paris. Face à cette situation, les responsables de la Fédération française de tennis (FFT) ont décidé de s’étendre sur une partie des serres du Jardin d’Auteuil toutes proches, passant ainsi de 8,5 à 13,5 hectares. Une volonté qui suscite l’ire d’associations écologistes et de riverains.

"À chaque fois, il y a des détracteurs qui, pour une question de deux arbustes, créent des polémiques là où il n’y en a pas", tempête Guy Forget au micro de FRANCE 24. "Il faut faire avancer les choses dans le bon sens plutôt que de parler de deux ou trois coquelicots et de choses qui à mon avis sont stériles. Le stade de Roland-Garros fait partie de notre patrimoine national et moderniser ce stade doit être une priorité non seulement pour ceux qui aiment le tennis mais pour tous les Français, pour les 500 000 personnes qui viennent chaque année sur la Quinzaine de Roland-Garros."

Un peu moins virulent, mais tout aussi déterminé, Gilbert Ysern, le directeur de la FFT et du tournoi parisien a répondu à nos questions. Entretien

FRANCE 24 : Est-ce que les aléas climatiques sont un argument supplémentaire à la modernisation rapide du stade de Roland-Garros ?

Gilbert Ysern : C’est un argument effectivement. Le fait de pouvoir continuer le spectacle sportif quelles que soient les conditions climatiques serait un vrai plus, notamment quand on aura un toit sur le court Philippe Chatrier.

Où en êtes-vous justement du projet de modernisation du stade de Roland-Garros ?

Nous sommes à deux mois du dépôt des permis de construire. Le projet avance bien. En France, tous les projets d'urbanisme sont confrontés à des difficultés avec des tas d’opposants qui font valoir leurs droits. On a des obstacles à franchir. On le savait et nous ne sommes pas surpris. Mais sincèrement nous ne sommes pas inquiets quant à l'issue de notre projet.

Pourtant une récente décision du tribunal administratif de Paris a rejeté le bien-fondé de ce projet…

La décision a en effet été défavorable. Il y a une question de fond sur le fait de savoir si l’on peut contruire un court de tennis dans le jardin des serres d’Auteuil. Cela a été refusé et nous avons décidé de faire appel car nous sommes convaincus d’être dans notre bon droit.

Si malheureusement pour vous, ce projet ne pouvait arriver à terme, y a-t-il un plan B ?

Non, il n’y a pas de plan B, mais il y a beaucoup d’optimisme, une grande confiance dans le fait que l’on nous autorise à mener à bien notre projet, parfaitement respectueux du jardin des serres d’Auteuil, à côté des serres historiques de Formigé auxquelles nous n’allons pas toucher malgré tout ce que certains peuvent raconter.

C’est le projet qu’il nous faut, le projet qui va donner à Roland-Garros encore plus de cachet et renforcer cette personnalité unique qu’a notre stade par rapport à tous les stades de tennis du monde entier. C’est le bon projet pour nous et il n’y a pas d'alternative.

Et si malgré tout, ça ne se faisait pas?

Le tournoi se trouverait en grande difficulté. La concurrence dans le monde est farouche et violente. Il y a des appétits dans les nouveaux eldorados du sport avec des promoteurs qui ont des poches très profondes et de grandes ambitions.

Si nous ne pouvions plus avoir de stade adapté à la demande de l’ère moderne, notre tournoi serait assez rapidement en grande difficulté. Ce serait un drame pour le tennis français, mais je pense que cela serait aussi extrêmement regrettable pour notre pays. Roland-Garros contribue au rayonnement international de la France au même titre que le Tour de France. Ce sont deux joyaux que la France se doit de préserver.

Parlez-nous de cette concurrence que vous évoquez. Quels sont ces acteurs que vous mentionnez?

Aujourd’hui le sport professionnel est une niche où les gens, avec beaucoup d’argent, ont envie de venir parce qu’ils y trouvent du plaisir et aussi de la visibilité. C’est également un vecteur de communication très fort. On a du côté des Émirats, comme dans les pays qui se développent très rapidement, tels le Brésil, la Russie, l’Inde ou la Chine, des acteurs avec énormément d’argent qui sont extrêmement attirés par le monde du sport.

Le tennis est un sport planétaire, comme le football. Il y a donc un attrait pour de gros événements de tennis dans ces endroits-là. Il y a un appétit pour attirer les joueurs avec d’énormes dotations.

Si l’on veut que notre tournoi reste l’événement majeur qu’il est aujourd’hui, le véritable championnat du monde sur terre battue, il est indispensable d’avoir un grand stade. Il faut que les joueurs aient encore envie de venir ici en leur offrant des moyens analogues, voire meilleurs que ce qu’ils peuvent trouver ailleurs.

Quelles sont justement les forces du tournoi de Roland-Garros ?

On a une histoire et elle ne s’achète pas. On a également une personnalité particulière que l’on ne peut pas copier ou imiter. Notre stade a un cachet fou, à la fois car c’est un stade urbain, en plein Paris, à quelques minutes des plus beaux monuments de la capitale. Mais en même temps, il est très "vert". Il se situe dans un environnement exceptionnel, en lisière du bois de Boulogne et à proximité immédiate du merveilleux jardin des serres d’Auteuil. Cet attrait, il faut le cultiver. Et en allant construire justement un court dans le jardin des serres, on s'oriente encore plus vers ce qui fait que notre stade est unique au monde. Et cela personne ne pourra jamais nous le prendre.

Je pense que lorsque l’on aura réalisé nos travaux, dans cinq ans environ, nous aurons le plus beau stade de tennis du monde.