Alors que les opposants au mariage homosexuel s'apprêtent à défiler une nouvelle fois dimanche à Paris, plusieurs membres du Parti socialiste ont mis en garde les responsables de droite contre les risques de débordements des extrémistes.
Plusieurs figures du Parti socialiste (PS) ont appelé les responsables de la droite, samedi 25 mai, à renoncer à leur participation à "La Manif pour tous" prévue dimanche à Paris. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a mis en garde samedi matin les responsables de l'UMP contre les risques de débordements lors de cette manifestation contre le mariage des couples homosexuels.
it"Je dis aux responsables de l'UMP qui ont voulu durcir le ton qu'ils prennent un risque, donc je les mets en garde", a dit Jean-Marc Ayrault, dont les propos ont été diffusés par plusieurs médias, lors d'un déplacement en Seine-Saint-Denis. "J'appelle à l'esprit de responsabilité de chacun, tout en respectant la diversité des opinions", a-t-il ajouté.
Dans un communiqué, Harlem Désir, le premier secrétaire du PS, a lui directement appelé "solennellement l'UMP et son président Jean-François Copé à renoncer à participer à la manifestation prévue demain". "Cette manifestation de tous les dangers est propice à tous les débordements", a-t-il ajouté, soulignant qu'"elle se tient dans un climat de menace sur plusieurs personnalités et responsables politiques et d'omniprésence des groupes radicaux et violents d'extrême droite".
"Indigne de la droite républicaine"
"Je dénonce la volonté de Jean-François Copé de jouer la radicalisation et de faire de l'UMP le parti du désordre antirépublicain et d'entraîner sa famille politique dans une dérive qui ne servira que le Front national et des groupes violents qui ont d'ores et déjà débordé la droite", a dénoncé le numéro un du PS.
Pour lui, "la stratégie de Jean-François Copé est indigne de la droite républicaine". "J'appelle donc les dirigeants de la droite à la responsabilité et à ne pas prendre part, ni cautionner ou s'associer à cette manifestation qui ne vise qu'à diviser notre pays et où plus personne ne contrôle les groupes extrémistes violents", a-t-il insisté.
De son côté, Claude Bartolone, président socialiste de l’Assemblée nationale, a appelé "tous les républicains, de droite comme de gauche, à ne pas mêler leurs voix à celles des extrémistes", à la veille de la manifestation. La loi sur le mariage pour tous "a été votée", elle "doit être appliquée", a-t-il déclaré devant la presse, en marge d'un déplacement au Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) pour rendre hommage à Jean Jaurès.
"Maintenant c'est la loi pour tous"
"Aujourd'hui, il est de la responsabilité de tous les républicains de droite comme de gauche de faire attention à ne pas mêler leurs voix à (celles) des extrémistes qui veulent secouer la France et la brutaliser par la violence et par des formes de manifestations qui sont incompatibles avec les valeurs de la République", a-t-il dit.
Faut-il condamner les appels de l'UMP à manifester ? "C'est leur problème. Que chacun prenne ses responsabilités. On n'est pas là pour faire la leçon aux uns et aux autres. Nous, nous sommes là pour réaffirmer que la loi a été votée, nous avons eu un grand et beau débat, maintenant c'est la loi pour tous", a répété l'élu de Seine-Saint-Denis.
Vendredi déjà, le PS, par la voix d'une de ses porte-parole, Laurence Rossignol, avait jugé que l'UMP prenait "une grave responsabilité" en maintenant son soutien à la manifestation de dimanche, en raison de risques de débordements par des activistes d'extrême droite. L'égérie de "la Manif pour tous", Frigide Barjot, hésite d’ailleurs à aller manifester, en raison de menaces de la part de radicaux qui jugent qu'elle a tenu des propos trop conciliants.
Et le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a déconseillé, samedi après-midi, aux familles avec enfants de manifester dimanche. "La vérité m'oblige à dire mon inquiétude" face aux "menaces de débordements de groupes extrémistes", a déclaré le ministre en marge de la fête du bouddhisme au bois de Vincennes.
Copé réagit, l'UMP divisée
Jean-François Copé a réagi, samedi en fin d'après-midi, aux propos des responsables socialistes. Il a dénoncé les "tentatives inacceptables d'intimidation" de Jean-Marc Ayrault et de Manuel Valls. Pourtant, le débat sur la radicalisation des manifestants a atteint le sein même de l'UMP, dont certains membres n'iront pas battre le pavé dimanche : François Fillon, Alain Jupé, Bruno Lemaire ou encore Nathalie Kosciusko-Morizet ont annoncé qu'ils ne participeraient pas. Jean-François Copé, Henri Guaino, Xavier Bertrand et Laurent Wauquier ont au contraire indiqué qu'ils feront partie du cortège.
Le collectif "la Manif pour tous", fer de lance depuis l'automne de la contestation, a prévu trois cortèges, qui vont traverser Paris à partir de 14h, avec les Invalides comme point de ralliement. Deux défilés partiront de l'ouest (Porte Dauphine et Porte de Saint-Cloud), un de l'est, près de la gare d'Austerlitz. Quelque 4 500 policiers et gendarmes seront mobilisés pour prévenir les heurts avec des groupes d'extrême droite constatés lors des précédentes manifestations.
Avec dépêches