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Une vingtaine de morts dans deux attentats-suicides au Niger

Deux attentats, revendiqués par le Mujao, ont visé un camp militaire à Agadez et un site d'Areva à Arlit, faisant une vingtaine de morts. Un terroriste est toujours retranché dans la base d'Agadez avec des otages.

Un véhicule a explosé jeudi 23 mai devant un camp militaire à Agadez, dans le nord du Niger. Dans le même temps, une mine d’uranium exploitée par le géant français du nucléaire Areva, a également été la cible d’un attentat-suicide. Au moins vingt soldats ont été tués à Agadez, a affirmé à FRANCE 24, Mahamadou Karidjoe le ministre nigérien de la Défense. Un terroriste est toujours retranché dans la base après avoir pris en otage des élèves officiers.

"Une personne est retranchée dans un endroit à l’intérieur de la caserne, mais on ne sait pas exactement le nombre de personnes qu’il retient", a témoigné sur l’antenne de FRANCE 24 Rhissa Feltou, le maire d’Agadez. "Il y a un dispositif très important qui a été mis en place. Les responsables militaires sont sur place pour que cette situation trouve un dénouement heureux le plus rapidement possible."

En réaction à cette prise d’otages, le président français François Hollande a déclaré que la France appuierait "tous les efforts des Nigériens pour faire cesser la prise d'otages" en cours à Agadez et "anéantir" le groupe qui a porté les attaques contre un camp militaire et un site d'uranium d'Areva, à Arlit.

"Que chacun comprenne bien que nous ne laisserons rien passer", a-t-il ajouté en marge d'un déplacement à Leipzig, en Allemagne. "Il ne s'agit pas d'intervenir au Niger comme nous l'avons fait au Mali mais nous aurons la même volonté de coopérer pour lutter contre le terrorisme".

Selon le journaliste nigérien Ibrahim Manzo Diallo, interrogé sur FRANCE 24, un avion de l’armée française a d’ailleurs déjà atterri à Agadez "pour intervenir pour la libération des otages".

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Les précisions du journaliste nigérien Ibrahim Manzo Diallo

Revendication du Mujao

Le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) a revendiqué ces deux attaques, les premières du genre dans l'histoire du pays, engagé depuis début 2013 au Mali voisin contre des mouvements djihadistes. "Grâce à Allah, nous avons effectué deux opérations contre les ennemis de l'islam au Niger", a déclaré Abu Walid Sahraoui, porte-parole du Mujao qui reconnaît avoir attaqué la France et le Niger "pour sa coopération avec la France dans la guerre contre la charia". Niamey est engagé au sein de la force africaine au Mali déployée à la suite de l'offensive lancée en janvier par l'armée française contre les groupes islamistes, dont le Mujao.

Selon le ministre de la Défense, l'explosion devant le camp militaire d’Agadez est due "à un véhicule bourré d'explosifs". Il assure que les assaillants sont des "peaux rouges", un terme utilisé dans cette région pour désigner les populations touareg et arabe.

Double attentat-suicide à Agadez et Arlit, au Niger


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Pratiquement au même moment qu'à Agadez, un autre véhicule a explosé sur un site de la compagnie nucléaire française Areva à Arlit, faisant un mort et 14 blessés, selon un bilan du groupe français. Le porte-parole du gouvernement du Niger a précisé qu’il n’y avait pas de Français parmi les victimes.

"Un homme en treillis militaire conduisant un véhicule 4x4 bourré d'explosifs s'est confondu aux travailleurs de la Somaïr (l'une des sociétés d’Areva exploitant l’uranim dans la zone, NDLR) et a pu faire exploser sa charge devant la centrale électrique de l'usine de traitement d'uranium située à 7 kilomètres d'Arlit", affirme-t-il.

"Des responsables de la société nous ont indiqué que le kamikaze est mort dans l'explosion", indique-t-il. "Maintenant, tout est calme en ville et le travail n'a pas cessé", assure cet employé, faisant état de "dégâts mineurs" sur le site.

Selon Moussa Kaka, le correspondant de RFI à Niamey, les deux villes sont "bouclées".

Areva emploie environ 2 700 salariés au Niger, dont 98 % sont des Nigériens. Une trentaine d'expatriés travaillent sur les sites d'Imouraren et Arlit. En septembre 2010, quatre Français , employés d’Areva, ont été enlevés par des membres d’al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) sur le site d’Arlit et n’ont toujours pas été libérés.

Avec dépêches

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La situation sécuritaire au Niger