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L'année Haydn s'ouvre en Autriche

Eisenstadt, une bourgade située à quelque 50 km au sud de Vienne, rend cette année un hommage particulier à l'un de ses plus illustres citoyens, le compositeur Josef Haydn, dont on fête le 200e anniversaire du décès.

AFP - Quatre symphonies de Josef Haydn en un soir jouées par un orchestre hors pair, le Concentus Musicus sous la direction d'un Nikolaus Harnoncourt tout feu tout flamme, ont constitué l'ouverture officielle de l'année Haydn en Autriche, mardi soir à Eisenstadt.

Sous les décors baroques de la Salle Haydn du château Esterhazy, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Vienne, où le célèbre compositeur a vécu et créé pendant près de 30 ans entre 1761 et 1790, le gotha autrichien était réuni pour ces symphonies No1, 59, 95 et 100. Cette dernière porte le sobriquet de "Symphonie militaire", car l'effectif orchestral comprend des tambours, des triangles et des cymbales habituellement utilisés dans les orchestres militaires et un groupe retentissant de trompettes.

Inventeur de la symphonie, "papa Haydn", comme l'appelaient ses contemporains, en a composé pas moins de 107 qui seront toutes jouées dans la salle à l'acoustique phénoménale portant son nom au château Esterhazy pendant cette année 2009, celle du 200e anniversaire de sa mort.

Même si les avis des experts divergent sur le fait que la Symphonie No1 en ré majeur n'a peut-être pas été la première écrite par Josef Haydn, né le 31 mars 1732 à Rohrau, au sud de Vienne, l'auteur lui-même l'a inscrite comme telle dans la première compilation de ses oeuvres au début des années 1800.

Composée dans les années 1757 à 1760, cette symphonie commence par un "Mannheim crescendo", une orchestration qui faisait sensation à l'époque avec une montée en puissance rapide grâce à l'addition des différents instruments dans la partition.

La 59e, dite "Symphonie du feu", écrite en 1768, est typique de la période "Sturm und Drang" ("Tempête et assaut") du nom du mouvement littéraire et musical pré-romantique allemand de la fin du XVIIIe siècle. Dans cette oeuvre, Haydn a joué avec l'effet de surprise entre les passages en majeur et en mineur, les dissonances et les pauses inattendues, le tout merveilleusement interprété par le Concentus Musicus, dirigé par l'Autrichien Harnoncourt, toujours aussi sobre dans ses gestes.

La 95e Symphonie, en do mineur, une tonalité très peu utilisée par Haydn, a été écrite lors du premier séjour du compositeur à Londres, après la mort de son employeur et mécène, le Prince Nikolaus 1er Esterhazy.

Enfin la 100e Symphonie, datée de 1794, a été créée lors du second séjour de l'auteur à Londres, où il s'était rapidement forgé une renommée internationale.

Nikolaus Harnoncourt, dans une brève allocution devant le public mardi soir, a estimé qu'il aurait plutôt fallu l'appeler "la Symphonie antimilitariste" car elle décrit en fait une histoire d'amour brisée par l'appel sous les drapeaux d'un jeune soldat.

Selon une légende, une douzaine de femmes auraient perdu connaissance lors de la "première" de cette symphonie, surprises par le fracas des tambours et cymbales.

Mardi soir, pas d'évanouissements au château Esterhazy, mais un public acclamant la fabuleuse performance de cet orchestre contemporain jouant des oeuvres écrites il y a plus de 200 ans.
 

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