
L'Assemblée générale de l'ONU a adopté vendredi une résolution qui place la Polynésie française sur la liste des territoires à décoloniser, provoquant la colère de Paris qui dénonce "une ingérence flagrante".
L’ONU s’est attirée les foudres de Paris en adoptant, vendredi 17 mai, une résolution plaçant la Polynésie française sur la liste des territoires à décoloniser, et ce malgré la défaite des indépendantistes aux dernières élections territoriales début mai.
La résolution, présentée par trois petits États du Pacifique (îles Salomon, Nauru, Tuvalu), a été défendue par les indépendantistes polynésiens devant l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Leur argument principal : "le droit inaliénable de la population de la Polynésie française à l'autodétermination et à l'indépendance." Une référence directe à l’article 73 de la Charte des Nations unies relatif aux territoires non autonomes. Cette résolution très symbolique ouvre, en principe, la voie à un référendum sur le statut que souhaitent les Polynésiens vis-à-vis de la métropole.
Outré par la décision de l’ONU, le ministère des Affaires étrangères dénonce "une ingérence flagrante" ainsi qu’"un détournement des objectifs que les Nations unies se sont fixés en matière de décolonisation", a déclaré dans un communiqué Philippe Lalliot, le porte-parole du quai d’Orsay.
Autonomistes contre indépendantistes
Paris fustige également "une absence complète de respect pour les choix démocratiques des Polynésiens", ces derniers s’étant récemment prononcés dans les urnes contre le candidat indépendantiste sortant Oscar Temaru, qui soutient la résolution. C’est sont rival de toujours, l'autonomiste Gaston Flosse, hostile au texte, qui a été élu président de la Polynésie française avec plus de 45% des voix. "Le 21 avril puis le 5 mai, les électeurs polynésiens ont renouvelé, comme tous les cinq ans, leur Assemblée territoriale. Ils ont donné une majorité incontestable aux élus favorables à l'actuel statut d'autonomie", écrit Philippe Lalliot, ajoutant que la France est "déterminée à continuer, avec le gouvernement de Polynésie française, à promouvoir le développement politique, économique et social de la Polynésie française".
Actuellement, la Polynésie française est une collectivité dotée d'une très large autonomie, mais la France conserve ses compétences régaliennes, telles que la sécurité publique ou les relations internationales.
Soutiens européens et américains
À la suite du vote, plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Pays-Bas et les États-Unis, ont tenu à marquer leur désapprobation quant à la résolution et leur soutien à Paris, faisant également valoir la défaite des indépendantistes aux élections territoriales. La France, elle, avait décidé de boycotter l'examen de la résolution, affirmant que "le droit à l'autodétermination ne peut s'exercer contre la volonté des populations concernées".
La liste de l'ONU comprend désormais 17 territoires, qui dépendent pour la plupart du Royaume-Uni (Gibralter, Malouines, Iles Caïmans, Saint-Hélène) ou des États-Unis (Iles vierges, Guam, Samoa américaine).
FRANCE 24 avec dépêches