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Laurent Fabius en Tunisie pour évoquer la transition démocratique

Le chef de la diplomatie française se rend ce mardi en Tunisie, où il doit rencontrer les principaux responsables politiques pour parler de la transition démocratique. Sa visite vise aussi à préparer le voyage de François Hollande, prévu en juillet.

Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius entame ce mardi une visite éclair en Tunisie. Le ministre français des Affaires étrangères devrait aborder la difficile transition démocratique dans le pays, avec notamment Mustapha Ben Jaafar , président de l’Assemblée nationale constituante, Moncef Marzouki, président de la République, et le Premier ministre Ali Larayedh.

Deux ans après la chute de Ben Ali, la Tunisie, plongée dans le marasme social et économique, s’embourbe dans une interminable phase de transition. Une assemblée constituante a bel et bien été désignée en octobre 2011, mais elle n’est toujours pas parvenue à accoucher d’institutions pour le pays.

Les deux principales forces au pouvoir – Congrès pour la République (CPR), parti laïc de centre gauche, et Ennahda, parti islamiste conservateur – ne parviennent pas à s’entendre. Les prochaines élections devraient se tenir "au cours du 4e trimestre 2013", selon les autorités tunisiennes, mais aucune date n’a encore été fixée.

Au cours de sa visite, Laurent Fabius a ainsi prévu de "souligner […] le nécessaire esprit de responsabilité qui doit prévaloir entre toutes les parties tunisiennes, afin que la transition soit menée à son terme de manière pacifique et démocratique", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères rendu public le 13 mai.

Crainte des accusations d’ingérence

Un rappel tiède, des paroles timides. Sur la question tunisienne, la diplomatie française marche sur des œufs tant elle craint des accusations d’ingérence. Sur BFM-TV en février dernier, le ministre des Affaires étrangères répétait : "Nous n’avons pas à nous ingérer dans ce qui se passe en Tunisie ; nous, Français, faisons très attention à cela. Mais nous sommes évidemment attentifs, inquiets parce que ce sont nos amis, nos cousins".

La cause de l’inquiétude ? La montée de l’islamisme radical dans le pays. "Au début des transitions arabes, j'ai pensé que [la Tunisie] était probablement le pays où une réussite serait la plus aisée à obtenir", déclare Laurent Fabius au magazine "Jeune Afrique" dans une interview publiée le 8 mai. "Aujourd'hui, la situation tunisienne n'est pas complètement stabilisée, d'évidentes difficultés demeurent. […] Nous souhaitons que tous ceux qui ont lutté pour la dignité et les libertés se retrouvent pleinement dans l'évolution en cours", ajoute-t-il.

Laurent Fabius, lors de son déplacement, a ainsi misé sur les encouragements. Il devrait ainsi, selon le communiqué de presse du Quai d’Orsay, "redire aux Tunisiens [sa] confiance dans le processus de transition et [sa] solidarité dans cette phase cruciale de leur histoire". Il devrait également rappeler que la France est le "premier partenaire de la Tunisie", et qu’elle "ne ménage aucun effort pour soutenir ce pays ami qui, depuis deux ans, a inspiré les changements historiques à l'œuvre dans le monde arabe".

Relations parfois tendues entre Tunis et Paris

Pourtant, les relations entre Paris et Tunis n’ont, depuis la chute de Ben Ali le 14 janvier 2011, pas manqué de piquant. Le soutien de la France à l’ancien despote, jusqu’à ses derniers instants de règne, reste en effet marqué dans les mémoires tunisiennes. Michèle Alliot-Marie, alors ministre des Affaires étrangères, avait, deux jours avant la fuite de Ben Ali et tandis que les manifestations populaires étaient durement réprimé, proposé à la Tunisie d’apporter le savoir-faire français à la police tunisienne pour "régler les situations sécuritaires".

Deux ans plus tard, au lendemain de l’assassinat de l’opposant tunisien Chokri Belaïd en février dernier, Manuel Valls, ministre français de l’Intérieur, avait condamné un "fascisme islamiste", et s’était dit inquiet de l’évolution de la situation en Tunisie. Ces propos avaient choqué une partie de la classe politique tunisienne. Rached Ghannouchi, le numéro un du parti islamiste Ennahda, avait ainsi affirmé s’être "senti insulté" par les propos du "premier flic" de France.

Les relations franco-tunisiennes devraient cependant connaître un nouvel essor avec le voyage officiel de François Hollande dans le pays prévu en juillet, une visite que Laurent Fabius s’attachera également à préparer ce mardi. Le président français est impatiemment attendu en Tunisie. Car si son homologue tunisien s’est déplacé à Paris dès juillet 2012, François Hollande a, en revanche, repoussé à plusieurs reprises son déplacement à Tunis.