Bien que sa victoire n'ait pas encore été officiellement proclamée, l'ex-Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, qui a revendiqué la victoire de son parti, la Ligue musulmane, aux législatives de samedi, se tient prêt à former un gouvernement.
L'ancien Premier ministre Nawaz Sharif, qui revendique la victoire de son parti, la Ligue musulmane (PML-N), aux élections législatives de samedi au Pakistan, se tient prêt à former un gouvernement de coalition pour résoudre les énormes problèmes auxquels est confronté le pays.
La Commission électorale n’a pas encore officiellement confirmé les résultats, bien que le parti du candidat Imran Khan, le Mouvement pour la justice (PTI), ait déjà concédé sa défaite. Quant au Parti du peuple pakistanais (PPP), à la tête de la coalition au pouvoir depuis cinq ans, il a été rayé de la carte politique du pays, sauf dans son fief de la province méridionale du Sind.
Après le dépouillement de plus de la moitié des bulletins de vote, les chaînes pakistanaises pronostiquaient plus de 115 sièges, sur les 272 députés élus directement au Parlement fédéral qui compte 342 sièges, pour les troupes de Nawaz Sharif, ainsi que l'élection d'une trentaine d'autres pour le PTI et autant pour le PPP du clan Bhutto.
Participation de 60 %
Le taux de participation, estimé à près de 60 % par la Commission électorale, n’a jamais été aussi fort depuis 1977 : les Pakistanais ont défié les menaces des Taliban pour aller voter et ont montré, par là, leur attachement à la démocratie.
"Malgré toutes les fraudes et les erreurs, hier était une bonne journée pour la démocratie", écrit dans son éditorial le grand quotiden "Dawn", ce dimanche. "Le fait que la population pakistanaise ait embrassé la démocratie en dépit de toutes ces menaces et ces assauts (...) est peut-être l'événement le plus rassurant pour la suite du projet démocratique dans le pays", ajoute le quotidien anglophone.
Comme les Taliban l'avaient annoncé, des attaques ont bel et bien émaillé cette journée électorale : des attentats à Karachi (sud), Peshawar (nord-ouest) et dans la province instable du Baloutchistan (sud-ouest) ont fait 26 morts, portant ainsi à plus de 150 le nombre de personnes tuées dans des violences liées à ces élections au cours du dernier mois.
itLe retour de l'ancien Premier ministre
Nawaz Sharif, 63 ans, revient donc au pouvoir après avoir été déposé par le coup d’État du général Pervez Musharraf en 1999. Aux côtés de son frère Shahbaz et de sa femme Maryam, l’ex-Premier ministre, magnat de l'acier issu de l'élite traditionnelle, a prononcé dans la nuit un discours de victoire, à Lahore, devant ses supporteurs qui célébraient ardemment la victoire de son parti de centre-droit.
"Nous devons remercier Dieu d'avoir donné à la PML-N une autre chance de servir le Pakistan. Les résultats continuent de tomber, mais nous avons déjà la confirmation que la PML-N va émerger comme le principal parti", a-t-il déclaré sur un ton très conciliant, après une campagne plutôt agressive.
"J'invite tous les partis à s'asseoir autour d'une table avec moi pour résoudre les problèmes du pays", a-t-il lancé, avant de nuancer : "Prions pour que, demain matin, nous soyons en position de ne pas avoir besoin de l'appoint de partenaires de coalition."
S'il n'obtient pas la majorité absolue, l'ancien Premier ministre est conscient qu'il aura peut-être à former une coalition pour diriger le seul pays musulman doté de l'arme nucléaire, confronté à une crise énergétique sans précédent et à la rébellion talibane.
Sur les 342 sièges que compte l'Assemblée nationale, le PML-N doit en décrocher 172 pour obtenir la majorité absolue.
Ce scrutin est considéré comme historique car il permettra à un gouvernement civil de passer la main à un autre après avoir terminé un mandat complet de cinq ans, une première dans ce pays à l'histoire jalonnée de coups d'État militaires depuis sa naissance en 1947.
itAvec dépêches