Le FBI s’efforce de cerner la personnalité de Katherine Russell, la veuve de Tamerlan Tsarnaev, cerveau présumé de l'attentat de Boston, afin de déterminer si la jeune femme avait des informations sur les intentions meurtrières de son défunt mari.
Que savait exactement la veuve de Tamerlan Tsarnaev ? Deux semaines après la mort de son mari, l'un des deux suspects de l'attentat de Boston, qui a fait trois morts et plus de 200 blessés, les autorités fédérales resserrent leur étau sur les proches des frères d’origine tchétchène. Le FBI a ainsi prélevé des échantillons d’ADN, lundi, sur Katherine Russell-Tsarnaev afin de les comparer aux traces génétiques féminines retrouvées sur l’une des bombes.
Les enquêteurs restent pour l'instant très prudents sur l’origine de ces traces: des officiels américains ont expliqué au Wall Street Journal que l’ADN retrouvé pouvait provenir d’une vendeuse qui aurait manipulé la cocotte-minute transformée en bombe, ou même d’un simple cheveux déposé par hasard.
"Sous le choc", selon son avocat
En attendant les résultats des tests, les autorités américaines s'efforcent de cerner la personnalité de Katherine Russell, cette Américaine de bonne famille qui s’est convertie à l’islam après être tombée sous le charme de Tamerlan Tsarnaev. La jeune femme de 24 ans s’est réfugiée chez sa famille dans la petite ville huppée de North Kingstown, à une centaine de kilomètres au sud de Boston, après la mort de son époux tué dans une course-poursuite avec la police américaine le 19 avril.
Son avocat a déclaré à la presse que Katherine Russell coopérait avec les autorités et qu’elle était toujours "sous le choc" après avoir découvert l’implication de son mari dans l'attentat de Boston.
"Aucune indication, aucun doute, aucune petite idée, aucun indice, rien de rien (…) Croyez-moi elle était aussi choquée que le reste du monde", affirmait ainsi Amato DeLuca, l’avocat de la famille Russell, à un journaliste de l’agence Bloomberg. DeLuca a justifié la surprise de sa cliente par le fait qu’elle travaillait de 60 à 70 heures par semaine, souvent à l’extérieur pour prodiguer des soins à domicile.
"Lavage de cerveau"
Mais la presse anglo-saxonne spécule sur le "lavage de cerveau" que la jeune Américaine aurait subi au contact de Tamerlan Tsarnaev. Une enquête du Daily Mail auprès de l’entourage de la veuve détaille ainsi la supposée métamorphose de la jeune Américaine après sa conversion à l’islam.
Katherine Russell se préparait à des études prometteuses et avait des rêves de voyages humanitaires pleins la tête quand elle s'est éprise du futur présumé terroriste en 2010. Quelques années plus tard, ses amies d’enfance peinent à reconnaître la femme voilée qui abandonne ses études, se marie et tombe rapidement enceinte.
Ce brusque changement et cette dévotion à l’islam au moment même où son époux se radicalise alimentent les suspicions à l’encontre de Katherine Russell… Cette dernière n’avait-elle vraiment aucune idée des intentions meurtrières de son mari ?
Forts soupçons
C’est une hypothèse difficile à envisager pour Anne Kilzer, une habitante de la banlieue de Boston qui passait régulièrement chez le couple Tsarnaev pour se faire prodiguer des soins du visage. Dans une interview au Huffington Post le mois dernier, Kilzer évoquait un appartement si confiné qu’il aurait été difficile au terroriste de cacher des "activités criminelles" à son épouse.
Un argument en partie désamorcé par l’avocat de la famille Russell, qui rappelle que l’épouse de Tamerlan Tsarnaev n’était pas en mesure de comprendre les conversations en russe.
L’enquête du FBI vise désormais à déterminer si les frères Tsarnaev ont bénéficié de complicités lors de la préparation des attaques, pendant leur tentative de fuite vers New York, ou même pour faire disparaître des preuves. Trois suspects interpellés mercredi sont ainsi poursuivis pour avoir menti et fait disparaître un sac à dos appartenant à Dzhokhar Tsarnaev, le frère cadet de Tamerlan, après la diffusion de son portrait par le FBI.