L'Organisation européenne pour la Recherche nucléaire(CERN) a décidé de remettre en ligne le tout premier site de l’histoire du Web. Une manière de marquer les 20 ans de la saga du "world wide web" né au sein de cet institut de recherche.
Il n’y a pas de belles images, ni d’animations flash ou autres efforts graphiques... Sur cette page, (re)mise en ligne mardi 30 avril, il y a simplement un titre en trois mots - "world wide web" -, un petit texte explicatif et une liste de liens afin d’en savoir plus sur les équipes et les détails techniques du projet “www”.
Cette page est, en fait, le tout premier site internet de l’histoire que le CERN (Organisation européenne pour la Recherche nucléaire), plus connu pour sa traque du fameux boson de Higgs, vient de remettre en ligne, pour les 20 ans des 3W, à l’adresse info.cern.ch/hypertext/WWW/TheProject.html. C’est, en effet, au sein de cet institut de recherche que le physicien britannique Tim Berners-Lee et son équipe ont donné naissance au web moderne un certain 30 avril 1993 en décidant que le protocole informatique www qu’ils avaient mis au point pouvait être utilisé par tous sans avoir à payer de royalties au CERN.
Pour les promoteurs du projet, ce voyage permet de mesurer le chemin parcouru entre info.cern.ch et les sites modernes. Surtout, le CERN veut montrer qu'à l'époque, le web était conçu pour être accessible depuis n’importe quel ordinateur, même le moins performant, rappelle à la BBC Nicola Pellow, un ancien du projet www au sein du CERN. “L’idée du www était de créer une interface suffisamment simple et flexible pour permettre un accès universel à l’information”, souligne Dan Noyle à la BBC.
La remise en ligne du premier site est, ainsi, une sorte de piqûre de rappel à tous ceux qui construisent des sites complexes incompatibles avec des ordinateurs bas de gamme et des lentes connexions. Pour le CERN, ils pervertissent en quelque sorte l’idéal de départ du projet www.
Voyage dans le temps numérique
Pour faire renaître ce premier site, les équipes de l'institut européen de recherche ont dû se transformer en archéologues du Net afin de mettre la main sur les fichiers qui ont permis à l'époque sa création.
La page actuellement consultable est, ainsi, constituée des éléments (liens, images, documents textes) utilisés pour une version-test du site qui remonte à 1992.
Le CERN n'a pas simplement voulu restaurer le site à son adresse d'origine - info.cern.ch - mais également utiliser le même matériel informatique qui a servi pour l’héberger et le créer. “Nous allons maintenant chercher les serveurs du CERN qui ont permis de mettre le site en ligne et voir quels éléments (fichiers, bases de données, NDLR) sont récupérables”, explique Dan Noyle.
Cette "première page internet a dû se sentir bien seule”, s’amuse Dan Noyle, responsable de la communication du CERN dans un billet de blog du 29 avril qui explique ce projet de restauration. Sans ce site, il n’y aurait probablement jamais eu de gifs animés, de Google, Wikipedia et tous ces réseaux sociaux qui font partie intégrante de la vie de l’”homo numericus” du XXIe siècle.