
Alors qu'Abdelaziz Bouteflika, 76 ans, est hospitalisé depuis samedi à Paris, il semble peu probable que le président algérien puisse briguer un quatrième mandat en 2014. Plusieurs partis ont même demandé à l'armée de s'opposer à sa candidature.
La finale de la Coupe d'Algérie, qui se tiendra mercredi 1er mai à Alger, s’annonçait comme un moment important pour Abdelaziz Bouteflika. Traditionnellement, c’est le chef d’État algérien qui remet le trophée au vainqueur lors de cet évènement footballistique d’ampleur. Cette année, à un an de l’élection présidentielle, les pro-Bouteflika prévoyaient même pour l’occasion de lancer la campagne officieuse pour le quatrième mandat du septuagénaire. Mais le président ne pourra finalement pas être présent, après avoir été hospitalisé le 27 avril à l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris, victime d’un léger AVC n’ayant provoqué aucune séquelle selon la version officielle. Une complication de santé qui pourrait bien changer la donne politique dans le pays et remettre en question la probable candidature du président.
Car si officiellement "le président est en très bonne santé" et il n’y a "aucune inquiétude" à avoir, cette annonce a semé le doute et l’inquiétude parmi les Algériens. En effet, les autorités algériennes ne sont pas réputées pour leur transparence en matière de communication et l’état de santé du président est un sujet tabou. À tel point qu’en 2006, Abdelaziz Bouteflika, remis d’une opération, avait fermement annoncé : "Il faut cesser de parler de ma santé".
Etayant la thèse du "si on nous en parle, c’est que c’est grave", le quotidien algérien "Liberté" a ainsi estimé dans ses colonnes que "l'idée même de rendre publique cette information est en soi un choc médiatique", signe que "la présidence de la République a jugé que l'incident était assez sérieux pour ne pas le cacher aux Algériens".
Pour Rachid Grim, politologue cité dans le journal "El Watan", la conséquence politique est claire : "La question d'un quatrième mandat ne se posera plus. C'est fini !"
Une campagne de l'armée contre Bouteflika ?
À 76 ans, le chef d’État au pouvoir depuis 14 ans semble en outre compter de moins en moins de soutien. Otman Lahyani, journaliste pour le quotidien "Al-Khabar", contacté par FRANCE 24, explique qu’il y a récemment eu une campagne médiatique et politique très forte contre le président Bouteflika. "Ces pressions ne sont pas nouvelles, c’est courant à l’approche d’une élection, mais cette fois-ci elles sont particulièrement méthodiques et agressives." Une tactique attribuée à demi-mot par certains à l’armée. "Tout le monde sait que les liens entre Bouteflika et l’armée sont désormais conflictuels," explique le journaliste.
Une dizaine de partis politiques ont d’ailleurs fait appel à l’armée pour qu’elle s’oppose à une nouvelle candidature d'Abdelaziz Bouteflika - candidature qu’ils jugent anticonstitutionnelle. Par ailleurs, des scandales de corruption ont récemment éclaboussé l’entourage politique et personnel du président. Outre plusieurs ministres, le frère du président, Saïd Bouteflika, a été impliqué dans une affaire de malversations ouvertes autour de passations de marchés publics et limogé de son poste de conseiller.
Un contexte politique "délétère", d’après la "Liberté", qui pourrait avoir donné un coup de grâce au chef d’État. Citant un expert en rythmologie, spécialité liée à la cardiologie, le journal explique même que la "tension nerveuse" et la "colère" ressenties par Abdelaziz Bouteflika "peuvent être déclencheurs d’une attaque vasculo-cérébrale."